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Après avoir fait marché avec un moukre ou muletier grec qui me fournit des mules, faute de chevaux qui ne se trouvent pas dans l’île, je me mis en route le 13 janvier 1844. Bien que nous fussions dans la saison rigoureuse, le ciel était pur et le soleil était chaud. Avançant au sud-est, dans un sentier qui serpentait au milieu d’une herbe verte et touffue, émaillée de fleurs, nous eûmes bientôt atteint le village de Zimboli. Nous y passâmes au milieu d’une grande quantité d’autels votifs, tous de forme cylindrique, avec des guirlandes et des têtes de taureaux ou de béliers, souvent accompagnées d’inscriptions. L’importance que devait avoir cette localité dans les temps reculés semble prouvée par ces monuments. On y traverse un ruisseau dont l’eau excellente fournit aux besoins de la ville de Rhodes. Les anciens habitants, comme les chevaliers et plus tard les Turcs, l’y ont amenée au moyen d’un aqueduc dont les arches, construites et restaurées, dénoncent les trois époques auxquelles les Rhodiens ont pourvu à la conservation de cet ouvrage hydraulique.

Le Châtelet, à Rhodes.

Le paysage était charmant. Nous avions à gauche la mer, à droite des collines qui se reliaient aux premiers contre-forts du mont Artamiti qu’on voit s’élever au centre de l’île. Partout le sol était orné d’une élégante et riche végétation à laquelle la douceur du climat assure un printemps perpétuel. Après avoir dépassé le petit village de Koskino, nous atteignîmes un pays montueux, couvert d’arbrisseaux peu élevés formant des bosquets épais, du milieu desquels se levaient fréquemment des oiseaux de toute sorte et notamment des perdrix.

Après quatre heures et demie de marche depuis notre départ de Rhodes, nous entrâmes sur le territoire de Fando, dont la fertilité me parut fort généreuse, à en juger par les cultures qui entouraient ce village et par les