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avant l’ère chrétienne. Le pavé des salles était à vingt, vingt-cinq et trente pieds au-dessous de la surface supérieure du tumulus.


Seconde expédition de M. Layard en 1849. — Reprise des fouilles de Koïoundjik. — Fouilles à Kalah-Cherghat. — Excursions à Babylone.

Le premier subside épuisé, M. Layard dut revenir en Angleterre, où l’avait précédé le magnifique produit de ses fouilles. À la fin de l’année suivante (1848) un nouveau crédit lui permit de reprendre les excavations. Elles avaient été continuées, mais lentement, pendant son absence. Son retour amena de nouvelles découvertes en bas-reliefs historiques et religieux, inscriptions, sculptures colossales, et autres objets de diverses sortes. Parmi ces découvertes, une des plus importantes est une salle renfermant une quantité considérable de briques ou de cylindres répandus sur le sol, et chargés d’une écriture hiéroglyphique fine et serrée. Cette précieuse collection, qui date du règne de Sennakhérib, le fondateur du palais, semble avoir été tout à la fois un dépôt d’archives publiques et une bibliothèque, — une bibliothèque dont chaque volume, ou plutôt dont chaque page est une tablette d’argile cuite, singulier répertoire où se trouvait consigné tout ce qui composait la science assyrienne : souvenirs historiques, astronomie, théologie, grammaire, et jusqu’à des vocabulaires polyglottes. L’étude de cet inestimable répertoire, dont le Musée de Londres possède de nombreuses parties, était naguère encore à peine entamée ; M. Rawlinson le premier, il y a seulement quelques mois, et après lui son ardent émule, M. Jules Oppert, sont parvenus à en tirer un précieux document chronologique, une liste consécutive de seize rois, formant une période de trois cent deux ans, avec la désignation de chaque année à laquelle un haut dignitaire de l’empire donnait son nom. Le grand fait, le fait capital qui ressort de cette liste, c’est d’apporter une preuve directe que la date de 747 est bien celle de la prise de Ninive par les forces confédérées d’Arbacès, roi de Médie, et du roi de Babylone, et de placer irréfragablement à cette date de 747 la chute de la vieille monarchie ninivite.

Bas-relief assyrien du Louvre. — Chevaux dans un cortège. — Dessin de H. Catenacci.

Le plan de M. Layard, dans cette seconde expédition, ne se bornait pas au territoire assyrien ; il s’étendait aussi à la Babylonie. L’infatigable explorateur y descendit vers la fin de l’année (1849). Il fit faire quelques fouilles sur le site de Babylone, mais sans beaucoup de résultat. Il s’était arrêté, en descendant le Tigre, à un site connu des Arabes sous le nom de Kalah-Cherghat, remarquable par un des plus grands tumulus que présentent les sites assyriens. Kalah-Cherghat est sur la rive droite du fleuve, à deux journées au-dessous de Nimroûd. Quoique les fouilles n’y aient pas été jusqu’à présent poussées bien loin, on y a trouvé, parmi d’autres objets intéressants, plusieurs exemplaires d’un cylindre sur lequel est gravée une longue inscription au nom d’un roi Tiglath Pilésèr. L’étude de cette inscription, à laquelle nous reviendrons un peu plus loin, y a fait reconnaître un des documents historiques les plus précieux que l’on ait encore rapportés du sol assyrien.

Vivien de Saint-Martin.

(La fin à la prochaine livraison.)