Page:Le Tour du monde - 07.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

car M. Botta a trouvé à Khorsabad, renfermées dans une sorte de caveau sépulcral, une rangée d’urnes contenant des ossements calcinés. On sait cependant par Hérodote que les Babyloniens (dont les usages étaient en général les mêmes que ceux des Assyriens) inhumaient leurs morts conservés dans du miel, et l’on a en effet retrouvé dans la Babylonie des voûtes sépulcrales avec des restes de squelettes, ainsi que des cercueils d’une forme singulière.

Comme tous les monuments figurés qu’on a rapportés de l’Assyrie ont été trouvés dans des habitations royales, tout, ou presque tout dans ces sculptures, se rapporte aux actions ou aux habitudes du souverain. Il n’est donc pas surprenant que les détails d’ameublement qu’on y rencontre çà et là soient tous d’une grande richesse. À part la matière et les ornements, on peut supposer, néanmoins, que ces objets de la vie usuelle ne différaient pas essentiellement de ceux qui étaient en usage dans une partie des autres classes de la population. Parmi ces détails, il y en a d’ailleurs de caractéristiques. Les Assyriens, à la différence des Orientaux modernes, s’asseyaient sur des siéges assez semblables à nos fauteuils et à nos tabourets, et ils mangeaient comme nous sur des tables. Les tables et les chaises étaient décorées avec richesse et un véritable goût, et nous présentent les mêmes motifs d’ornementation que nos meubles actuels, des pattes de lion, des têtes d’animaux, etc.

Les vêtements, au moins ceux des personnages appartenant à la cour, témoignent également d’un grand luxe. Ce sont des tuniques ou des robes plus ou moins longues, des manteaux de diverses formes, des écharpes à longues franges, des ceintures brodées, le tout couvert d’une profusion d’ornements. Ces ornements, et en particulier les broderies, sont d’un très-bel effet ; la fantaisie s’y joue en capricieux arabesques, heureusement entremêlés de rosaces, de fleurs, de branches enroulées et d’animaux.

Comme tous les Orientaux, les Assyriens prenaient un soin extrême de leur barbe ; la manière dont on la voit toujours tressée sur les bas-reliefs leur est tout à fait particulière. La chevelure, également très-soignée, tombe sur le cou en un chignon épais tressé ou bouclé comme la barbe.

Dans aucun des tableaux sculptés qui décorent les palais, ou ne voit figurer une seule femme, si ce n’est dans quelques scènes représentant des ennemis captifs où les deux sexes sont confondus. C’est du reste à la guerre et à ses scènes diverses, exercices, marches, siéges, batailles, qu’est consacrée l’immense majorité des bas-reliefs. Les troupes des armées assyriennes se composaient en partie de fantassins armés de piques ou de flèches, en partie de cavaliers armés à la parthe, ou d’archers montés sur des chars. Ceci est conforme aux descriptions d’Hérodote. Quelques-uns sont entièrement couverts de cottes de mailles. Ils, étaient guidés par des étendards. Un chef, représenté sur son char, montre quelle richesse d’ornements les Assyriens déployaient dans l’équipement de leurs chevaux de guerre.

Les bas-reliefs permettent amplement de juger de l’art de la guerre chez les Assyriens appliqué à l’attaque et à la défense des places. Des béliers portés sur des roues servaient à battre les murailles ; on voit aussi représentées des villes escaladées au moyen d’échelles et emportées d’assaut. Un champ de bataille présente une horrible scène de confusion et de carnage. Des têtes coupées, des prisonniers empalés en vue d’une place assiégée, d’autres écorchés vifs, donnent une triste idée du droit de la guerre qui régnait alors. On voit aussi figurées des guerres maritimes, qui ont pour théâtre ou les eaux d’un fleuve, ou de vastes marais, ou même la mer. Ces dernières, sans doute, se rapportent aux guerres des Assyriens sur la côte phénicienne. Dans un tableau qui nous fait assister au retour triomphal d’une de ces lointaines expéditions, un chœur de musiciens et de chanteurs s’avance au-devant du roi. L’instrument qui domine est une sorte de théorbe ou harpe légère. Quelques-uns des musiciens soufflent dans une flûte double ; un autre frappe d’une baguette un instrument à cordes qu’il porte devant lui dans une position horizontale. Plusieurs des exécutants paraissent accompagner la mesure d’une sorte de danse cadencée. Nous avons dit que les femmes ne paraissaient pas dans les bas-reliefs assyriens ; il faut faire ici une exception. Ce sont des femmes, accompagnées d’enfants, qui chantent à la suite des musiciens.

La chasse, c’est encore la guerre ; les scènes en reviennent fréquemment sur les bas-reliefs. Il y avait des chasses royales qui ressemblaient presque à des expéditions militaires ; aussi les voit-on parfois mentionnées dans les mêmes inscriptions. Détruire les animaux féroces, le lion et le buffle notamment, qui infestaient les plaines de l’Euphrate et du Tigre, c’était servir le pays plus que par la conquête d’une province. Lorsque l’Écriture dit de Nemrod, le premier colonisateur de la Babylonie, que c’était « un grand chasseur devant le Seigneur, » il faut sûrement prendre les paroles du texte sacré non dans un sens emblématique et détourné, mais dans leur acception la plus directe. C’est ainsi que dans les légendes de la Grèce les premiers exploits des anciens héros sont de détruire les monstres qui désolaient le pays, encore tout couvert de bois et de marais.


L’architecture.

Les restes exhumés des constructions assyriennes montrent assez que chez les grands le luxe des habitations ne le cédait pas au luxe des vêtements, des chevaux et des armes. Une particularité commune aux grands édifices de la Babylonie et de l’Assyrie, c’était d’être élevé sur une plate-forme massive en terres rapportées, plus ou moins exhaussée au-dessus du sol, et dont les faces, revêtues de briques, s’inclinaient en larges gradins. Les murs extérieurs, comme ceux de l’intérieur, sont en briques séchées au soleil, et revêtues d’un parement formé de plaques de basalte ou de gypse marmoriforme, sur lesquelles sont sculptés des bas-reliefs avec leurs inscriptions ; des taureaux ou des lions à face humaine taillés dans le granit ou l’albâtre, donnaient un aspect monumental aux portes de l’édifice. Franchissons