Il s’en faut pourtant que Tortose ait toujours joui de ce calme, et, sans remonter à l’époque où elle se nommait Antaradus, on la voit à chaque instant, dans l’histoire des croisades, pillée, brûlée, ravagée. Siége d’un petit fief, elle avait alors quelque importance : un traité de paix y fut signé en 1282 entre Malek-Mansour (Kélaoun) et Guillaume Dybadjouk, grand maître des templiers d’Acre et du littoral ; — ce qui est assez curieux, c’est que, pour le dater, les chrétiens ont fait usage de l’ère des Séleucides. Le traité comprend, d’une part, les États du sultan et de son fils, la Syrie, la Palestine, l’Égypte, etc. ; de l’autre, Tortose et ses dépendances. Des deux côtés on s’engage à ne pas ravager le territoire de son voisin.
Tortose est une petite ville qui se meurt : le nombre de ses habitants diminue de jour en jour ; elle n’a ni industrie ni commerce ; Rouad, au contraire, est pleine de vie et d’activité. L’île est couverte de maisons qui grimpent les unes sur les autres, et, dominant cette py-