soit élevé aucune querelle parmi eux au sujet de la violation de ce privilége.
Les anciens conquérants mahométans, qu’on nomme Mapelles, étaient autrefois très-riches et servaient de courtiers pour toutes les opérations commerciales ; ils sont moins remuants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient jadis.
Les chrétiens sont assez nombreux à Mahé ; ils proviennent soit des anciennes conversions faites par les Portuguais, soit du mélange de cette nation avec les femmes du pays. La religion catholique est acceptée sur toute cette côte, et les missionnaires peuvent pénétrer parmi les populations sauvages qui habitent les Ghâtes.
Mahé est sous l’invocation de sainte Thérèse, et une assez jolie chapelle lui est dédiée ; le toit de cette église est modestement fait de paille. Le jour de sainte Thérèse, tout les habitants de Mahé viennent, sans exception de culte, offrir leur prière à Dieu et leur offrande à la sainte.
Après sainte Thérèse, c’est saint Sébastien qui jouit du plus grand crédit. Sa statuette, percée de mille flèches, passe pour avoir le don de préserver des épidémies. Il arrive souvent que des députations viennent demander l’intercession du saint, et les prêtres et les fidèles de Mahé suivent son image ainsi transportée dans les villes voisines pour en chasser la maladie.
Si le gouvernement anglais s’y prêtait et permettait aux agents d’émigration de parcourir librement la campagne, il serait possible de faire de Mahé un point de recrutement pour la Réunion.
Les revenus de Mahé sont de trente-deux mille francs, et les dépenses de l’administration y montent à trente-quatre mille francs. Le riz avait manqué lors de la visite de la Cordelière à Mahé, et la population était dans une détresse inimaginable.
La terre des fonds est sablonneuse et le riz peut se cultiver sur le bord des rivières où l’on produit des inondations artificielles. Les hauteurs n’ont qu’un sol dur et qui paraît calcaire ; à quelque distance dans l’intérieur s’élèvent les Ghâtes, dont les flancs sont couverts de forêts magnifiques.
La main des Européens paraît avoir a peine effleuré ce pays. Quelques routes assez bien tenues sur lesquelles circulent de petits bœufs porteurs qui servent presque exclusivement de bêtes de somme dans l’Inde, où le chameau et le cheval réussissent mal, et le fil électrique, qui met à tout moment en rapport les extrémités du vaste empire anglo-indien, sont les seuls indices qu’on y trouve de leur présence.
Cananore est le chef-lieu militaire de la présidence de Madras, à la côte de Malabar ; les forces qui y stationnent se composent de trois régiments ; l’un est européen, deux sont indigènes. Le collecteur, ordinairement chargé de l’administration civile, réside à Calicut.