Page:Le Tour du monde - 08.djvu/390

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reprenaient leur joug sans même pouvoir mugir, tant ils avaient la gorge sèche et la langue enflée. Malgré cela, on avançait, on chassait avec courage. La soif, le soleil, les buissons, qui lui déchiraient les membres, n’arrêtaient pas Baldwin ; rien ne diminuait son énergie, n’altérait sa bonne humeur. Son fusil est faussé ; dans une chute qu’il fait avec Bryan, il le redresse ; le canon est fendu, il le rogne. « Ce pauvre fusil, dit-il, est maintenant d’un écourté ridicule ; mais il y a gagné d’être plus maniable quand je suis à cheval, et ne m’en paraît pas moins juste. » Une antilope nouvelle excite chez lui toujours la même ardeur : « Hier, écrit-il le 9 octobre, j’ai vu le harrisbuck pour la première fois, mais de très-loin, et sur le flanc d’une montagne à pic. Au roulement du chariot sur les pierres, il s’éloigna d’un pas majestueux et s’arrêta lorsqu’il fut hors de péril. J’ai parcouru le

Chasse au rhinocéros. — Dessin de Janet-Lange d’après Baldwin.

    forcé dans une chute que j’avais faite avec mon cheval, et c’était un mauvais fusil à pierre que j’avais à la main. Trois fois le chien s’abaissa bruyamment sans faire partir le coup, et la bande, pendant ce temps-là, gravir une montagne escarpée où mon cheval usa ses forces en essayant de la suivre. Maudissant ma mauvaise étoile, je revins au camp, je réparai mon rifle, pris un cheval frais, et retournai à l’endroit où j’avais laissé les antilopes. Arrivés là, nous prîmes la piste et nous la relevâmes, au milieu de mon-