Page:Le Tour du monde - 08.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’orchestre on avait réservé un tiers de la salle environ pour les danseurs, le reste était garni de longues tables où venaient s’asseoir jeunes gens, jeunes filles et parents, et où les uns et les autres passaient les longs intervalles des danses à causer et à boire leur petit verre de vin de France ou de vin du Rhin. Au signal de l’orchestre, chacun disait un adieu amical à son verre, puis allait chercher sa danseuse et se ranger à la file des couples qui avaient déjà pris place, — le tout bien tranquillement, bien posément, avec méthode, sans faire un pas plus vite que l’autre. Puis commençait la valse ou le galop. Six ou sept couples seulement partaient à la fois. À un signal convenu six autres leur succédaient et les six premiers venaient prendre rang derrière ceux qui n’avaient pas encore dansé, et qui se promenaient gravement autour de la salle. Revenu à sa place, chacun remettait son chapeau sur sa tête, et se rafraîchissait en attendant la suite. Le flegme et le sans-gêne de ces braves Allemands sont surprenants. La fête s’est prolongée si bien, qu’avant de rentrer nous avons vu le soleil se lever vers le Brocken.

Les mineurs du Harz.


Clausthal, 20 juillet.

Vous me demandez comment on descend et comment on respire dans les mines : deux choses assez importantes en effet. Commençons par la première.

Autrefois on disposait tout simplement, de distance en distance, dans un compartiment spécial du puits, des paliers entre lesquels se plaçaient des échelles, et l’on descendait ou gravissait ces échelles sur toute la profondeur de la mine. Ce moyen est encore en usage dans beaucoup d’endroits ; mais songez à la fatigue qui résulte de l’ascension de 500, et très-souvent dans les puits modernes de 600 et 700 mètres d’échelles presque verticales ; il faut une heure ou une heure et demie aux ouvriers chaque matin pour cet exercice, autant chaque soir après le pénible travail de la mine : cela perd leur temps et épuise leurs forces. — On épargne souvent cette fatigue aux ingénieurs et aux visiteurs, en les faisant voyager dans les tonnes ou les cages suspendues, par lesquelles s’opère l’extraction du minerai ou de la houille : on se trouve alors porté par un câble, qui, à l’autre bout, se déroule ou s’enroule rapidement sur une sorte de bobine disposée au-dessus du puits. Il n’y a pas longtemps qu’on a trouvé le moyen de donner de la sécurité à ce procédé de descente, et d’empêcher la cage de tomber en pièces, en cas de rupture du câble porteur ; encore les appareils destinés à supprimer ce danger sont-ils peu répandus et médiocrement certains.

Depuis une trentaine d’années, on a imaginé dans le Harz, et on perfectionne aujourd’hui dans les autres