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oriental de cette place publique : ce sont, en allant du sud au nord, le palais d’Eumachia, le temple de Mercure, la salle du Sénat et le Panthéon.

En redescendant du nord au midi, le premier monument qui frappe est un portique assez long, tourné à l’orient sur le Forum, on y a cru voir un Pœcile, un musée, un divan, un cercle, un grenier à blé ; toutes ces opinions sont également bonnes.

Derrière le Pœcile, s’ouvrent de petites chambres dont quelques-unes sont voûtées ; on y a ramassé des squelettes, on en a conclu que c’étaient des prisons. Plus bas s’étend, le long du Forum, le mur latéral du temple de Vénus.

On entre au temple de Vénus, patronne de Pompéi, par la rue voisine que nous avons déjà traversée. Belles ruines, les plus belles peut-être de Pompéi (voy. p. 389) : une vaste enceinte (ou péribole) encadrant un portique de quarante-huit colonnes, dont plusieurs sont encore debout, et le portique entourant lui-même le podium, où s’élevait le temple proprement dit, la maison de la déesse. En face de l’entrée, au pied du perron qui monte au podium, l’autel est destiné, paraît-il, aux simples offrandes de fruits, de gâteaux et d’encens que l’on consacrait à Vénus. Outre la forme de l’autel, une inscription retrouvée et une statue de la déesse, dont l’attitude pudique rappelle le chef-d’œuvre de Florence, autorisent suffisamment, à défaut de renseignements plus précis, le nom qu’on adonné à cet édifice.

Découverte de pains cuits il y a dix-huit cents ans dans le four d’un boulanger (voy. p. 398). — Dessin de M. Duclère mis sur bois par Émile Bayard.

Le dernier monument du Forum, au sud-ouest, est la Basilique ; la rue par laquelle nous sommes entrés la sépare du temple de Vénus. La structure de l’édifice ne laisse aucun doute sur sa destination, confirmée d’ailleurs par le mot de Pasilica ou Bassilica marqué çà et là par les oisifs, à la pointe d’un couteau, sur les murs. Basilique vient d’un mot grec qui signifie roi et pourrait se traduire assez exactement par Cour royale.

On voit ce qu’était la place publique dans une ville romaine : une vaste cour entourée des monuments les plus importants (trois temples, la Bourse, les tribunaux, les prisons, etc.), fermée de tous côtés (on voit encore aux issues des traces de portes grillées), décorée enfin de statues, d’arcs de triomphe, de colonnades : un centre d’affaires et de plaisirs, un lieu de promenade et de réunion, le Corso, le boulevard antique, ou pour mieux dire, le cœur de la cité. Sans grand effort d’imagination, tout cela se relève et se remplit d’une foule vivante et bariolée ; le portique et ses deux étages de colonnes bordent les monuments reconstruits, les femmes inondent les galeries supérieures, les oisifs laissent traîner leurs pas sur les dalles, les longues robes se retroussent en plis harmonieux ; les marchands affairés se pressent au Chalcidique, les statues triomphent sur leurs piédestaux repeuplés, la belle langue des Romains retentit, scandée