Page:Le Tour du monde - 09.djvu/413

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lâche, avec une implacable continuité ; cette flamme solide encombre les rues, s’amoncelle sur les toits, et s’affaisse dans les maisons avec les tuiles qui se brisent et les poutres qui flambent ; l’incendie croule ainsi d’étage en étage sur le pavé des cours où s’accumulent, comme la terre comblant une fosse ouverte, ces flocons rouges et brûlants qui, lentement, fatalement, descendent toujours.

Fouilles récentes. — Le jugement de Pâris, fresque de la maison de Proculus. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

Les habitants se sauvent dans tous les sens ; les hardis, les jeunes, ceux qui ne tiennent qu’à leur vie, parviennent à s’échapper. L’amphithéâtre s’est dépeuplé dans un clin d’œil, il n’y reste que les gladiateurs morts. Mais malheur à ceux qui se mettent à l’abri dans les boutiques, sous les arcades du théâtre ou dans les souterrains, la cendre les enveloppe et les étouffe ! Malheur surtout à ceux que retient l’avarice ou la cupidité, à la femme de Proculus, à la favorite de Salluste, aux filles de la maison du Poëte qui se sont attardées pour recueillir leurs bijoux : elles tomberont asphyxiées parmi ces ornements qui, dispersés autour d’elles, raconteront au monde à venir la vanité de leurs inquiétudes suprêmes. Une femme, dans l’atrium attenant à la maison du Faune, courait au hasard chargée de joyaux ; ne pouvant plus respirer, elle s’était réfugiée sous le tablinum : elle