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comme nous l’avons dit, au sud par le site de Paruitcha, ou finissent les possessions des Indiens Chontaquiros, au nord par la rivière Capoucinia, où commencent celles des Sipibos.

Sur cette étendue, d’environ soixante-dix lieues, nous avons compté huit habitations de Conibos situées sur la rive gauche de l’Ucayali, deux sur la rive droite, lesquelles, en y joignant le groupe de demeures de Santa Rita et sept à huit maisons édifiées sur les bords des petites rivières Cipria et Hisparia, nous paraissent réunir une population de six à sept cents âmes.

La taille du Conibo varie de 1m 50 à 1m 60 ; ses formes sont lourdes, son encolure épaisse, son thorax fortement prononcé ; son visage est rond, ses pommettes saillantes ; ses yeux à sclérotique jaune, à pupille couleur de tabac, sont petits, obliques et assez écartés ; le nez court et épaté s’élargit à sa base ; les lèvres épaisses laissent, en s’entrouvrant, apercevoir des dents jaunes, mais bien rangées et des gencives teintes en noir avec l’herbe yanamucu (peperomia tinctorioides).

L’expression habituelle du masque de ces indigènes est ce mélange d’égarement et de tristesse qui caractérise la physionomie de la plupart des sauvages péruviens ; mais la rondeur presque sphérique du facies lui donne un cachet de bonhomie et de naïveté qui corrige un peu l’impression désagréable qu’on pourrait éprouver à leur aspect.

Type conibo (homo).

Quant à la nuance de leur teint, elle est fort obscure, n’en déplaise au P. Girbal, le premier historiographe des Conibos, et n’offre aucune analogie avec le teint des Espagnols, auxquels ce missionnaire comparaît en 1790 ses nouveaux néophytes[1].

L’épiderme de ces naturels, incessamment exposé aux piqûres des moustiques, est rugueux au toucher

    celle de l’espagnol et du quechua. Il fut tour à tour et quelquefois dans la même journée, notre maître de langue, notre domestique, notre pourvoyeur d’oiseaux et de plantes, et notre rapin. Par reconnaissance autant que par estime pour les qualités privées du dernier des Panos, nous avons fait passer ses traits à la postérité.

  1. L’encre d’imprimerie n’a pu donner, à notre grand regret et pour la justification des lignes qui précèdent, une idée du teint des Conibos, dont la nuance mixte et indécise, entre l’acajou neuf et le vieil acajou, était reproduite par nos portraits à l’aquarelle de ces indigènes.