Tao, et qui est situé au centre d’une petite île, à l’extrémité septentrionale de la mer du Nord (voy. p. 39).
La pagode principale est dans une position pittoresque, au milieu d’une végétation luxuriante : elle contient une foule d’idoles appartenant à ce culte bizarre, dernier vestige du fétichisme ancien, méprisé par la plupart des Chinois, et qui n’a plus d’adorateurs que dans les derniers rangs de la populace.
Mais il est temps que nous descendions directement vers la porte de Hao, qui nous donnera accès dans l’enceinte de la Ville Jaune.
Voici la mer des Roseaux, couverte de nymphæas bleus et jaunes, de roseaux à aigrettes, de nélumbos ; elle mérite justement son nom, car ces plantes aquatiques envahissent plus de la moitié de sa surface : l’aspect de ces grandes fleurs à odeur suave est délicieux au moment de leur floraison.
Passons sur ce ponceau la prise d’eau qui alimente la Ville Jaune’, traversons la porte de Hao, qui ne diffère de celles de l’enceinte extérieure de la ville que par l’absence de corps de garde et de demi-lune, et pénétrons jusqu’au pied de la montagne de Charbon, qui est le point le plus élevé de Pékin.
La montagne de Charbon, Mee-Chaen, est une colline surmontée d’un mamelon, qui est lui-même couronné par un kiosque à deux étages d’une élégance merveilleuse ; une foule de kiosques, de pagodes, de temples, de Fou, couvrent cette colline et s’entassent pittoresquement les uns au-dessus des autres à différentes hauteurs. Un gazon toujours vert en recouvre toutes les pentes, tandis que dans le reste de la ville le plus petit brin d’herbe est brûlé par le soleil, et par la poussière de Mongolie. Cette fertilité de la montagne de Charbon tient à l’humidité du sol et à l’immense amas de charbon de terre qui l’a formée. L’histoire raconte à ce sujet qu’aux temps passés un empereur chinois, menacé d’un long siége par les Tartares, fit entasser à cet endroit le combustible nécessaire au chauffage de la ville pendant plusieurs années ; quelle que soit la vérité de cette tradition, il est certain que la houille forme la base du sol de la montagne, et qu’elle y a été apportée à mains d’hommes. Le temps et la décomposition l’ont recouverte d’une épaisse couche de terre végétale.
Rien de plus amusant qu’une promenade au milieu du labyrinthe de petites ruelles que forment les édifices bâtis sur cette colline, où habitent seulement des bonzes et des personnages d’un rang élevé ! Aussi n’y rencontre-t-on pas les immondices habituels aux quartiers populaires. Ce sont des surprises de tous les instants. Des ponts de rocaille, des fontaines avec des sculptures grotesques, des pagodes qui laissent entrevoir des dieux effrayants, puis des bosquets de camellias, de lilas, d’hydrangées, de vieux cèdres centenaires, des oiseaux joyeux qui chantent au milieu de cette nature en fête, et peu de Chinois ! Car le Chinois aristocratique ne se promène pas, et ne sort de chez lui qu’en pompe.
Du sommet de la montagne de Charbon, la vue embrasse un panorama immense : c’est le point culminant de Pékin, et on l’aperçoit de toutes les parties de la ville.
Si nous tournons à droite, voici un point de vue non moins splendide, c’est le Pei-tha-sse qui s’élève dans une presqu’île au centre de la mer du Milieu.
Le Pei-tha-sse est à la fois une bonzerie et un monument funéraire élevé à la mémoire du dernier empereur de la dynastie des Ming.
Dans le jardin Impérial se trouve encore l’arbre où se pendit cet infortuné monarque, lorsque sa capitale fut occupée par l’armée tartare (1644). L’empereur mandchou, qu’il avait dépouillé de son trône, fit couvrir de chaînes l’arbre coupable d’avoir prêté ses branches