Au delà du pont de marbre, jeté sur la mer du Milieu, la Ville Jaune contient encore la Grande Place, le couvent des Bonzes, le Peh-Tang, établissement des missionnaires catholiques, et la pagode impériale de Kwang-Min-Tien. En dehors de la Ville Jaune, se trouvent l’évêché catholique ou Nam-Tang, l’écurie des éléphants, et le Temple de la Tour.
La bonzerie de la Ville Jaune, située au nord du Pen-Tang[1], se compose d’une succession de bâtiments carrés, enclavant de vastes cours : le temple principal est tout entier construit en marbre blanc ; une série de piliers en marbre noir, formant une colonnade imposante, soutient l’arête aiguë du toit qui déborde de plusieurs mètres au-dessus de l’entablement ; l’entre-deux de ces piliers est occupé à l’intérieur par une série de petites chapelles contenant chacune la statue d’une des nombreuses divinités du panthéisme chinois ; l’autel principal est orné de figures deux fois plus grandes que nature de la trinité bouddhique.
À droite de cette bonzerie, dont la porte s’ouvre sur un carrefour, on remarque des têtes de lions annonçant l’entrée de Fou ou palais qui appartiennent à de hauts dignitaires de l’empire.
L’enceinte du Temple de la Tour borde l’avenue de Li-Houa, et est limitée par un canal, qui fait communiquer, à travers la Ville Mongole, la prise d’eau du nord avec les fossés de la Ville Chinoise. Le temple qui est en même temps un couvent considérable jouissant d’une grande renommée, contient une tour élevée analogue comme architecture à celle du Pei-tha-sse.
La Grande Place, qui touche aux murailles nord-ouest de la Ville Jaune, n’a de remarquable que son étendue et sa régularité. Le centre en est orné d’une fontaine avec un bassin de marbre ; des palais bâtis symétriquement et précédés de perrons monumentaux, l’entourent de tous côtés, et contribuent à lui donner une forme parfaitement octogone.
La pagode impériale Kwang-Min-Tien, située au sud-ouest de la Ville Jaune, est une des plus belles et des plus richement décorées de Pékin ; elle s’élève au milieu d’un parc entouré de murs où l’on remarque une vaste rotonde qui servait jadis de temple, et deux charmants kiosques, qui surmontent la porte principale. La toiture du Kwang-Min-Tien est entièrement recouverte de tuiles d’un bleu lapis éclatant ; des clochettes sont suspendues aux corniches des toits qui s’avancent au-dessus des balcons, et font entendre, lorsque le vent les agite, un tintement continuel. Les poutres qui soutiennent ces balcons sont massives et curieusement peintes de brillantes couleurs ; le corps de l’édifice est construit en briques rouges vernissées ; des drapeaux et des lanternes de toutes nuances sont attachés à chaque étage aux pilastres des balcons. À l’intérieur, il y a des peintures représentant des dieux et des génies, et des niches contenant des statues d’idoles en bois doré. Cet édifice, depuis longtemps abandonné par les hommes, n’est plus habité que par des chauves-souris et les hirondelles qui maçonnent leurs nids dans les enfoncements des corniches.
À l’angle sud-ouest de la Ville Tartare, on peut voir encore les ruines des vastes bâtiments, dont se composait l’écurie des éléphants. Jadis les empereurs de la dynastie des Ming y entretenaient trente éléphants. Depuis que les Mandchoux, les barbares du Nord, se sont emparés de l’empire, les nouveaux souverains ont méprisé les pompes grandioses du despotisme asiatique personnifiées par ce majestueux animal. Cependant, il y reste encore un éléphant, tout blanchi par l’âge, dont les défenses sont usées, et qui n’y voit plus que d’un
- ↑ Voir pour la position de tous ces monuments l’excellent plan de Pékin, dressé par M. le capitaine Bouvier, qui a été donné dans la livraison précédente.