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Papaveraceæ. Papaver nudicaule, L.

Cruciferæ. Cardamine pratensis, L. ; C. bellidifolia, L. ; Arabis alpina, L ; * Parrya arctica, R. Br. ; * Eutrema Edwardsii, R. Br. ; * Braya purpurascens, ? R. Br. ; Draba alpina, L. ; * D. glacialis, Adams ; * D. pauciflora, ? R. Br. ; * D. micropetala, ? Hook. ; D. nivalis, Liljebl. ; * D. arctica, Fl. Dan. ; * D. corymbosa, R. Br. ; D. rupestris, R. Br. ; D. birta, L. ; D. Wahlenbergii, Hartm. ; Cochlearia fenestrata, R. Br.

Caryophileæ. Silene acaulis, L. ; Wahlbergella (Lychnis) apetala, Fr. ; W. affinis, Fr. ; *Stellaria Edwardsii, R. Br. ; * S. humifusa, Rottb. ; Cerastium alpinum, L. ; Arenaria ciliata, L. ; * A. Rossii, R. Br. ; Ammadenia (Arenaria) peploides, Gm. ; Alsine biflora, L. ; A. rubella, Wbg. ; Sagina nivalis, Fr.

Rosaceæ. Dryas octopetala, L. ; * Potentilla pulchella, R. Br. ; P. maculata, Pourr. ; P. nivea, L. ; * P. emarginata, Pursh.

Saxifrageæ. Saxifraga hieracifolia, Waldst. et Kit. ; S. nivalis, L. ; S. foliolosa, R. Br. ; S. oppositifolia, L ; * S. flagelaris, Sternb. ; S. hirculus, L. ; S. aizoides, L. ; S. cernua, L. ; S. rivulairs, L. ; S. cæspitosa, L. ; Chrysoplenium alternifolium, var. tetrandrum, Th. Fr.

Synanthereæ. Arnica alpina, Murray ; Erigeron uniflorus, L. ; Nardosmia, (Tussilago) frigida, Cass. ; Taraxacum palustre, Sm. ; * T. phymatocarpum, Vahl.

Boragineæ. Mertensia (Pulmonaria) maritima, L.

Polemoniaceæ. *Polemonium pulchellum, Ledeb.

Scrofulariaceæ. Pedicularis hirsuta, L.

Ericaceæ. Andromeda tetragona, L.

Empetreæ. Empetrum nigrum, L.

Polygoneæ. Polygonum viviparum, L., Oxyria digyna, Campd.

Salicineæ. Salix reticulata, L. ; S. polaris, Wbg.

Juncaceæ. Juncus biglumis, L. ; Luzula hyperborea, R. Br. ; arctica, Blytt.

Cyperaceæ. Eriophorum capitatum, Host. ; Carex pulla, Good. ; C. misandra, R. Br., C. glareosa, Wbg. ; C. nardina, Fr., C. rupestris, All.

Gramineæ. Alopecurus alpinus, Sm., R. Br., Aira alpina, L. ; Calamagrostis neglecta, Ehrh. ; Trisetum subspicatum, P. Beauv. ; * Hierochloa pauciflora, R. Br. ; *Dupontia psilosantha, Rupr. ; * D. Fischeri, R. Br. ; Poa pratensis, var. alpigena, Fr. ; P. cenisia, All. ; P. stricta, Lindeb. ; * P. abbreviata, R. Br. ; P. Vahliana, Liebm. ; Glyceria angustata, Mgr. ; Catabrosa algida, Fr. ; * C. vilfoidea, Anders., Festuca hirsuta, Fl. Dan ; F. Ovina, L. ; * F. brevifolia, R. Br.


Les personnes auxquelles la Botanique n’est pas étrangère pourront retrouver un certain nombre de ces plantes dans divers pays. Ainsi, sur les 93 phanérogames du Spitzberg, 69 espèces existent en Scandinavie, et 28 même en France. Ces dernières sont imprimées en italiques. La cardamine des prés, le pissenlit des marais et la fétuque des brebis, se rencontrent dans nos plaines. La sabline à feuilles de pourpier (Arenaria peploides) croît sur les bords de la mer ; le Chrysoplenium alternifolium) dans les bois humides des montagnes. L’Empetrum nigrum et le Saxifraga hirculus sont des plantes des marais tourbeux. Les autres espèces habitent les parties élevées des Alpes et des Pyrénées.

Que le lecteur ne se hâte pas d’admettre des centres multiples de création et de penser que ces 28 espèces françaises n’ont point une origine commune avec leurs sœurs du Spitzberg, mais auraient paru simultanément ou à des époques différentes autour du pôle, dans les marais de la France ou sur les sommets neigeux des Alpes et des Pyrénées. Les progrès récents de la géographie botanique ne permettent pas d’admettre une semblable conclusion. On a d’abord constaté que la flore de toutes les contrées glacées qui entourent le pôle nord est d’une uniformité remarquable. M. Malmgrén nous apprend que sur les 93 plantes phanérogames du Spitzberg 81 se retrouvent au Groenland. Plus à l’Ouest les îles qui bordent les détroits de Lancastre, de Barrow et de Melville, situés dans l’Amérique Septentrionale, près du 75e degré de latitude Nord, ont 58 plantes communes avec la partie septentrionale du Spitzberg. Celles qui manquent en Amérique sont en général des espèces de la côte occidentale de l’île qui appartiennent plus spécialement à la flore continentale du Nord de l’Europe. Vers l’Est dans la Sibérie asiatique, sur la presqu’île de Taymir, par 100 degrés de longitude Est et 75 degrés de latitude, M. Middendorf a recueilli 124 phanérogames dont 53 habitent également le Spitzberg.

Il existe donc une flore arctique au Spitzberg ; mais celle qui la complète est le prolongement de la flore scandinave qui se mêle au Spitzberg à la flore arctique proprement dite : en effet ces deux régions ont 69 espèces communes ; restent 24 espèces propres au Spitzberg, mais qui toutes se retrouvent dans l’Amérique boréale, le nord de la Sibérie et à la Nouvelle-Zemble ; ce sont les plantes arctiques qui caractérisent le mieux la flore polaire. Je les ai distinguées des autres par un astérisque. La flore du Spitzberg se compose donc du mélange de deux flores, l’une européenne dominante en raison du voisinage de la Scandinavie, l’autre arctique, c’est-à-dire américaine et asiatique.

Cette flore est circonscrite dans ces hautes latitudes par une barrière infranchissable pour elle : la chaleur des étés ; mais avant la période actuelle, la terre a traversé une période de froid, les glaciers ont formé une calotte qui, rayonnant du pôle, s’est avancée jusqu’au milieu de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie, transportant des blocs de pierre, des amas de sable et de gravier, et avec eux les plantes qui les habitaient : ces plantes se sont propagées de proche en proche vers le Sud. Lorsqu’une température plus élevée a amené la fusion et le retrait des glaciers, ces plantes, surprises par la chaleur, ont disparu presque toutes des plaines de l’Europe, mais elles se sont maintenues dans les montagnes telles que les Sudetes qui comprennent toutes les chaînes de l’Allemagne septentrionale, dans le Harz, dans les Vosges et surtout dans les Alpes. Ainsi, suivant M. Heer, la Suisse compte actuellement 360 espèces alpines dont 158 se retrouvent dans le Nord de l’Europe : il en énumère 42 qui habitent même les plaines du canton de Zurich. Quelques exemples spéciaux vont mettre ces vérités en évidence.

La montagne du Faulhorn, dans le canton de Berne, se termine par un cône qui s’elève au-dessus d’un plateau sur lequel se trouve un petit glacier. Ce cône, en pente assez douce vers le Midi, forme un abrupt du côté du Nord : sa hauteur totale est de 65 mètres, sa superficie de 4 hectares et demi et le sommet est à 2 683 mètres au-dessus de la mer. Sur ce cône, couvert de neige huit mois de l’année, j’ai recueilli pendant plusieurs séjours en 1841, 1842, 1844 et 1846, avec mon ami Auguste Bravais, cent trente-deux espèces phanérogames