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périeure les glaciers des Bossons et de Taconnay, et sont éloignés de huit cents mètres de la montagne de la Côte, et de deux kilomètres de la pierre de l’Échelle, les points les plus rapprochés où il y ait de la végétation. Leur direction est du nord-nord-est au sud-sud-ouest. Le point le plus déclive se trouve à 3 050 mètres au-dessus de la mer ; le plus élevé, appelé par de Saussure Rocher de l’Heureux-Retour, à 3 470 mètres d’altitude. Ces rochers sont formés de feuillets verticaux de protogine schisteuse entre lesquels les plantes trouvent un abri et un sol formé par la décomposition de la roche. Les ascensions au Mont-Blanc de MM. Marckham Shervill, le 27 août 1825, Auldjo, le 8 août 1827, et Martin-Barry, le 17 septembre 1834, avaient porté à huit le nombre total des phanérogames de cet îlot glaciaire.

Je les visitai trois fois le 31 juillet, le 2 septembre 1844 et le 28 juillet 1846, et j’explorai principalement, non sans péril, l’escarpement tourné vers le sud-est qui domine le chaos de séracs du glacier des Bossons. J’y récoltai dix-neuf plantes phanérogames.

La baie des Anglais. — Gravure empruntée aux Lettres écrites des régions polaires, de lord Dufferin.

M. Venance Payot, naturaliste à Chamounix, escalada de nouveau ces rochers le 30 août 1861, et y trouva cinq espèces que je n’y avais pas remarquées.

Aux Grands-Mulets, sur vingt-quatre plantes la proportion des espèces du Spitzberg est de vingt et un pour cent, et, sauf l’Agrostis rupestris, il n’y a point de plante laponne. Cette Florule se compose donc exclusivement d’espèces très alpines mêlées à un cinquième de plantes du Spitzberg. Les Grands-Mulets sont une des stations les plus élevées d’un rongeur, le Campagnol des neiges (Arvicola nivalis, Mart.), qui se nourrit spécialement des plantes dont nous donnons la liste.

M. Payot a, en outre, recueilli aux Grands-Mulets vingt-six mousses, deux hépatiques et vingt-huit lichens, ce qui donne quatre-vingts espèces pour le nombre total des végétaux vasculaires et cellulaires de ces rochers dépourvus en apparence de toute végétation.

Voyons si la loi se confirme dans le groupe du Mont-Rose.

Pendant un séjour de quatorze jours, du 13 au 16 septembre 1851, à la cabane de Vincent, sur le versant méridional du Mont-Rose, et à une élévation de 3 158 mètres