Page:Le Tour du monde - 12.djvu/244

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quement les deux pattes sur les épaules. Je n’étais pas préparé au jeu, et je fléchis un peu, si bien qu’une des pattes glissa et qu’une griffe s’oublia dans mon paletot, qui fut fendu jusqu’au bas de l’échine. La chemise, heureusement, ne fut pas offensée. Je me redressai un peu ému et surtout fort irrité ; mais il y avait dans les prunelles jaunes verdâtres de mon ami un sentiment si naïf de satisfaction personnelle, que je finis par éclater de rire.


Une vue du Reb inférieur. — Dessin de Eugène Cicéri d’après un croquis de M. G. Lejean.

Je reviens à Théodore.

On m’a accusé de l’avoir traité avec une partialité optimiste. Je n’ai été que juste. Certes, mon terrible ami n’est pas parfait ; mais si l’on veut juger les rois fainéants à qui il a succédé, on n’a qu’à méditer ce portrait d’un des meilleurs, Hatzé Tekla Giorgis, qui régnait en 1820. Voici comme en parle un Anglais, Pearce, qui l’a beaucoup connu :

« C’était un homme très-fier de sa personne et vain dans sa parure ; quoiqu’il n’eût sur la tête qu’une ou deux touffes de cheveux, il en tirait parti de manière à se ménager une chevelure assez considérable, grâce à une aiguille d’or ou d’argent qu’il avait toujours sur le front pour y rallier ses cheveux épars. Autour du cou-de-pied et au-dessous de la cheville, il portait, comme les