creusent les plus grandes pirogues ; des figuiers plus ou moins riches en caoutchouc inexploité, et des bois de construction dont M. le capitaine du génie Sourieau a envoyé des échantillons intéressants à l’Exposition.
On me pardonnera, je l’espère, ces détails botaniques, si l’on veut bien songer que le riche manteau de verdure dont ce pays est éternellement paré fait sa principale beauté, et que pour les Européens qui ne peuvent pas pénétrer dans l’intérieur, c’est presque son unique attrait. La faune, beaucoup moins variée, offre moins de ressources aux curieux. L’espèce humaine elle-même, avec ses mœurs décolorées au contact des Européens, ses vices que ne relève même plus cette âpre saveur de sauvagerie qui les ferait presque pardonner (je parle des gens du rivage), offre à peine de quoi piquer la curiosité du nouveau débarqué ; plus tard elle n’excite plus que l’indifférence. Seule la nature végétale, si différente de la nôtre, et à chaque pas si différente d’elle-même, vient offrir un spectacle réellement varié aux yeux qui savent y lire, en même temps qu’elle donne à l’esprit fatigué un aliment facile et inépuisable. Pour moi, donner un souvenir à ces riches forêts, où j’ai si souvent glané avec plus d’ardeur que de science, c’est presque faire acte de reconnaissance ; je leur dois le plus grand bien que puisse désirer un Européen dans un pays si peu fait pour lui, celui de n’avoir jamais connu l’ennui ni les soucis déprimants de la nostalgie.
C’est au Gabon que s’est arrêtée l’invasion des Shékianis ou Boulous, tribu autrefois redoutable s’il faut