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sion pour mattes, smelting for slags. On passe dans un nouveau four à réverbère le minerai grillé avec du minerai qui n’a pas besoin de l’être, tel que les carbonates (malachites) et les chlorures d’Australie, les cuivres oxydés et les cuivres natifs pauvres du Chili et de la Bolivie, etc., et de cette première fusion sortent des mattes riches à 20 ou 25 pour 100. On les moule ou bien on les fait tomber encore en fusion dans un bain d’eau qui les divise en grenailles.

On grille ces mattes pour les débarrasser de leur soufre, comme on a grillé le minerai, puis on les fond de nouveau avec des minerais encore plus riches que les précédents et l’on obtient de nouvelles mattes, sur lesquelles on recommence la même opération. On passe ainsi des mattes bronzes aux mattes bleues, des mattes bleues aux mattes blanches ou régules, de celles-ci enfin au cuivre brut, mêlant chaque fois aux mattes obtenues du minerai ou des mattes étrangères d’une richesse correspondante à celle des mattes que l’on fond. L’ensemble du traitement est facile à saisir : on fait en tout quatre grillages et trois fusions successives pour mattes.

Du cuivre brut, dans lequel on distingue déjà des globules de cuivre métallique rouge, soyeux, et qui renferme plus de 85 pour 100 de cuivre, on passe enfin au cuivre rosette et au cuivre rouge, pratiquant l’affinage et le raffinage dans le même fourneau. Quand on croit l’opération presque terminée, on enfonce une perche de bois vert dans le bain de cuivre en fusion. Le bain précédemment limpide, éclatant, presque blanc, bouillonne, et, avec le gaz qui se dégage, s’échappent les dernières impuretés du cuivre, surtout un peu de carbone qu’il pouvait encore contenir. Un dernier essai reste à faire. Le maître fondeur retire du fourneau un de cuivre, qu’il prend avec une petite pochette. Si ce dé, refroidi, est d’un beau rouge soyeux, s’il se laisse aplatir par le marteau, sans fissures, et briser au ciseau avec une cassure franche, nette, d’un grain cristallin, homogène, alors le raffinage est terminé et le métal est jugé bon pour la coulée. On en emplit des poches en fer, énormes cuillers que l’on verse dans des moules où le cuivre se fige en pains. Ceux-ci sont destinés au commerce ou transformés en lames, feuilles, fils, clous, comme il sera dit tout à l’heure.

Le cuivre anglais n’a pas la première marque sur les marchés ; ce sont surtout les cuivres de Russie et de Suède, beaucoup plus purs, qui obtiennent la préférence des acheteurs ; mais l’Angleterre fond à elle seule beaucoup plus de cuivre que tout le monde entier. Si les renseignements qu’on m’a donnés à Swansea en 1862 sont exacts, on produirait, dans toutes les usines réunies, jusqu’à cent soixante tonnes de cuivre par semaine (la tonne anglaise est de plus de mille kilogrammes). On est allé quelquefois jusqu’à deux cents.

Le cuivre en pains qui n’est pas directement vendu est transformé en lames et en feuilles, qui servent au doublage des navires ou à la chaudronnerie. On réchauffe les pains dans des fours à réverbère, et quand ils sont chauffés au rouge, on les passe aux laminoirs. Ces laminoirs se composent de deux cylindres pleins en fonte de fer polie, de même diamètre, et dont les axes sont parallèles et horizontaux. On engage la plaque de cuivre entre les cylindres. Un d’eux, animé d’un mouvement de rotation, entraîne l’autre en sens contraire au moyen d’un engrenage. La plaque de cuivre est saisie entre l’écartement qui sépare le cylindre supérieur du cylindre inférieur. Cet écartement, qu’on règle au moyen de vis, doit être toujours plus faible que l’épaisseur de la plaque à laminer. Celle-ci devient donc, chaque fois qu’elle passe entre les cylindres, de plus en plus mince. On obtient de la sorte des feuilles de cuivre à l’épaisseur voulue. Cela fait, on les jette dans un bain d’urine établi au milieu de l’atelier. Cette immersion est destinée à purifier et à décaper ou lustrer le métal à la surface.

Quand les feuilles de cuivre sont ainsi préparées, on les coupe d’équerre à la cisaille, puis on les met en paquets et on les encaisse. Le cuivre, passant de la main des fondeurs dans celle des marchands, prend alors diverses directions, et retourne bien souvent aux lieux mêmes d’où il était venu à l’état de minerai.

Autrefois, c’était sous le marteau à main et le martinet mécanique qu’on laminait le cuivre. Ce battage s’est maintenu dans la petite chaudronnerie. Pour le cuivre comme pour le fer, il donne un métal plus fibreux, plus homogène que le laminage aux cylindres. Il doit conserver aussi au cuivre plus de sonorité en empêchant la formation de ces fissures souvent invisibles dites pailles ou soufflures, et que l’écrasement au laminoir produit plus souvent que le battage au marteau.

Il y a dans l’usine de MM. Vivian un mouton à vapeur ou marteau-pilon destiné aussi au battage du cuivre. Cet appareil, que nous retrouverons également dans les usines à fer du pays de Galles, sert, à Swansea, à redresser les feuilles de cuivre, à les aplanir, à les recourber suivant un profil donné. Le marteau est vertical, conduit par un cylindre à vapeur supérieur dont la tige du piston forme, par son prolongement, la tige même, ou, si l’on veut, le manche du marteau. Au-dessous est l’enclume. La vapeur à haute pression introduite dans le cylindre, en dessous du piston, l’élève et celui-ci s’abaisse par son propre poids. De là les mouvements de va-et-vient du marteau, plus ou moins lents, plus ou moins saccadés, et qui ont plus ou moins d’amplitude, suivant que la vapeur est admise ou se dégage plus ou moins vite, en plus ou moins grande quantité à la fois.

Le marteau-pilon rend les plus grands services dans toutes les usines métallurgiques. C’est un des appareils à la fois les plus simples et les plus précis que l’industrie puisse mettre en œuvre. On dit qu’il a été pour la première fois appliqué dans les grandes forges du Creusot en France, et que M. Bourdon, alors ingénieur de ces établissements, en a été l’inventeur. D’autre part, les Anglais réclament pour eux la priorité de l’invention. Ce n’est pas la première fois que s’ouvre un pareil débat entre nous et nos voisins. Nous leur disputons égale-