Page:Le Tour du monde - 12.djvu/395

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El dia que tu naciste,
Nacieron todas las flores ;
Y en la pila del bautismo’
Cantaron los ruiseñores.

« Le jour de ta naissance, — Naquirent toutes les fleurs ; — Et au-dessus des fonts baptismaux — Chantèrent les rossignols. »

Tus ojos son ladrones
Que roban y hurtan ;
Tus pestañas el monte
Donde se ocultan.

« Tes yeux sont des brigands — Qui volent et ravissent ; — Tes cils sont la forêt — Sous laquelle ils s’abritent. »

El amor y la naranja
Se parecen infinito :
Por muy dulces que sean
De agrio tienen su poquito.

« L’amour et l’orange — Se ressemblent extrêmement : — Si doux qu’ils soient, — Ils ont toujours quelque chose d’amer. »

Voici encore une copla des plus mélancoliques ; nous l’avons apprise d’un torero andalous, notre compagnon de route, qui la chantait la nuit pour tromper les longues heures d’un voyage en diligence, et peut-être aussi pour adoucir ses chagrins :

    Dentro de la sepultura
    Y de gusanos roido,
Se han de encontrar en mi pecho
    Señas de haberte querido.

Quand je serai dans la sépulture, — Et rongé par les vers, — On trouvera encore dans mon cœur — La preuve de mon amour pour toi. »

On voit que la poésie des Rondeñas ne manque ni de naïveté ni de charme ; les rimes de ces coplas ne sont pas toujours irréprochables, et chacun les modifie un peu suivant son caprice, en suivant le goût de la querida qui se cache derrière les barreaux de fer de sa reja, pour écouter la chanson du guitarrero.