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Page:Le Tour du monde - 12.djvu/440

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porter au passé d’une nation autrefois glorieuse, l’un de M. Renan, dans la Revue des Deux-Mondes[1], l’autre, de M. Jacques de Rougé, fils de notre grand égyptologue le vicomte de Rougé, dans la Revue archéologique[2], auraient mérité une mention plus spéciale. À côté de ces excellents travaux, où les esprits sérieux aiment à retrouver le passé ranimé par l’érudition, nous aurions voulu aussi donner quelques pages au beau travail qu’un de nos savants orientalistes, M. G. Pauthier, vient de consacrer au grand voyageur du moyen âge, Marco Polo[3]. Par sa connaissance parfaite des sources orientales, et particulièrement des documents chinois et mongols du treizième siècle propres à éclaircir bien des points obscurs de la relation, M. Pauthier était tout particulièrement désigné pour cette œuvre qui lui fera grand honneur. Le livre de Marco Polo est un des monuments de l’histoire géographique du monde, et, comme tous les classiques, c’est un texte inépuisable de recherches et d’études.

Les publications fort importantes dont l’Arabie vient d’être l’objet coup sur coup, auraient bien mérité aussi de nous arrêter. Nous avons parlé déjà avec quelque détail, dans notre précédente Revue, du voyage aussi attachant qu’instructif de M. Palgrave ; néanmoins la relation complète tout récemment publiée nous aurait pu fournir encore plus d’une remarque nouvelle et de curieux extraits, tant sur la topographie et la configuration générale de la péninsule, que sur sa situation politique et surtout sur les mœurs et les habitudes des populations. Un autre voyageur, le colonel Pelly, agent politique du gouvernement britannique, vient aussi de fournir des documents tout nouveaux à la géographie astronomique de l’Arabie intérieure, qui était jusqu’à présent tout à fait privée d’informations de cette nature. C’est une acquisition précieuse pour cette partie de la carte d’Asie.

Nous aurions pu noter encore d’autres faits intéressants, soit dans l’ancien, soit dans le nouveau monde ; nous aurions, notamment, suivi avec un grand et sympathique intérêt le travail de reconstitution qui s’opère au sein de deux grands pays de l’Amérique du Nord : aux États-Unis, depuis l’apaisement de la guerre fratricide qui durant quatre années a suspendu la vie scientifique de la nation ; au Mexique, depuis qu’un gouvernement régulier se consacre au développement des immenses ressources d’un territoire merveilleusement doué, et, en ouvrant ses territoires à de faciles communications avec le reste du monde, y va développer rapidement les études de toute sorte que le pays appelle. Nous aurions pu dire aussi ce qu’a déjà fait dans cette voie la Commission scientifique du Mexique instituée à Paris au commencement de l’année dernière (1864), en vue de seconder et de diriger les recherches que doit favoriser notre expédition. Ce sont là, forcément, autant de points réservés pour les chapitres plus développés d’une publication prochaine[4].

Vivien de Saint-Martin.

12 novembre 1865.


FIN DU DOUZIÈME VOLUME.
  1. 1er avril 1865.
  2. Mai et septembre 1865.
  3. Le livre de Marco Polo, rédigé en français sous sa dictée en 1298 par Rusticien de Pise ; publié pour la première fois d’après trois manuscrits inédits de la Bibliothèque impériale, par M. G. Pauthier. Paris, 1865, 1 vol. grand in-8 en deux parties.
  4. Le 4e volume de notre Année géographique, en janvier.