Page:Le Tour du monde - 12.djvu/8

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il est encore descendu à −9°,4. En juillet, je ne l’ai jamais vu au-dessus de 5°,7 ni s’abaisser au-dessous de 2°,7 : on voit que la température est d’une uniformité remarquable, puisqu’elle ne varie que de trois degrés. Même phénomène en août, où j’ai vu, sous le 78e de latitude, le thermomètre en mer osciller entre 1°,2 et 30°. Pour donner une idée de l’absence de chaleur du Spitzberg, je dirai qu’en onze ans, de 1807 à 1818, Scoresby n’a vu qu’une seule fois, le 29 juillet 1815, le thermomètre à 14°,4 ; Parry, à 12°,8, le 19 juillet 1827, et moi-même, à 8°,2 en août 1838. La plus haute température, 16°,0, a été notée par l’expédition suédoise le 15 juillet 1861. Quant au froid, nous n’avons pas de renseignements précis pour l’hiver, mais il est probable que le mercure y gèle quelquefois et que le thermomètre se tient souvent entre −20° et −30°, car Scoresby a encore observé −17°,8 le 18 avril 1810, et même −18°,9 le 13 mai 1814. Il tombe de la neige dans tous les mois de l’année. Au mouillage de la baie de la Madeleine, par 79° 34′ de latitude, la corvette la Recherche en était couverte pendant les premiers jours d’août 1839. Dans le journal de Scoresby, il n’est pas de mois où elle ne soit indiquée. Le temps est d’une inconstance remarquable. À un calme plat succèdent de violents coups de vent. Le ciel, serein pendant quelques heures, se couvre de nuages ; les brumes sont presque continuelles et d’une épaisseur telle que l’on ne distingue pas les objets à quelques pas devant soi : ces brumes, humides, froides, pénétrantes, mouillent souvent comme la pluie. Les orages sont inconnus dans ces parages ; même pendant l’été, jamais le bruit du tonnerre ne trouble le silence de ces mers désertes. Aux approches

Montagne de l’observatoire au Spitzberg. — Dessin de V. Foulquier d’après A. Mayer.