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di Siena. En 1215, on accorda aux Sansedoni le privilége d’avoir une tour ; en 1339 le palais a été rebâti tel que nous le voyons aujourd’hui. Nous parlerons plus loin du bienheureux Sansedoni, en l’honneur duquel a été élevée à l’intérieur une chapelle où se trouvent divers objets d’art remarquables.

Le palais qu’on voit dans la partie culminante de la place, vis-à-vis de celui de la République, a plus d’une fois changé de nom et de destination. En 1217, il appartenait à la paroisse de Saint-Paul. En 1417, on le donna pour résidence aux Consoli della Mercanzia, et ce fut alors que Domenico di Niccolò, à cette époque capomaestro de la cathédrale, en dessina la façade du côté de la place, tandis que Sano di Matteo, le principal architecte de la cathédrale d’Orvieto, élevait de l’autre côté la belle loge degli Ufiziali que nous avons encore à admirer. Mais, lorsque disparut l’industrie du lanifice qui avait fait au moyen âge la fortune de la ville, ce palais changea encore de nom et de physionomie ; la façade du quinzième siècle fut remplacée en 1763 par une autre qui ne vaut certes pas l’ancienne, et la résidence des Ufiziali della Mercanzia devint le Casino dei nobili. Depuis 1859, on ne l’appelle plus dei nobili, mais dei concordi ; les portes de ce club s’ouvrent aujourd’hui à tout honnête homme, qu’il possède ou non un blason.

Vue de l’hôtel de ville. — Dessin de H. Catenacci d’après une photographie.

La loggia degli Ufiziali, qui s’ouvre du côté opposé à la place, sur la via di Banchi, a été plus heureuse que l’œuvre de Domenico di Niccolò ; le siècle des restaurations profanes a passé sur elle sans y toucher. Nos regards peuvent donc se reposer encore agréablement sur la courbe élégante de ses trois arcades en plein cintre, appuyées sur quatre piliers dont chacun porte la statue d’un saint. Celles de saint Pierre et de saint Paul sont du Vecchietta ; A. Federighi a sculpté celles de saint Ansain et saint Crescence (1458-60). Des deux côtés de la loge on voit contre la muraille deux bancs sculptés marbre, d’une grande beauté ; celui de droite est de Federighi : on attribue le dessin de l’autre à Peruzzi. Les trois compartiments de la voûte, peints à fresque par Rustici et Pastorini (1549-63), sont remarquables pour la grâce et la légèreté de leurs ornements.

Girolamo Gigli, écrivain siennois de la fin du dix septième siècle, nous apprend que la noblesse de son temps venait en été prendre le frais sous cette loge. On serait vraiment curieux de connaître les graves pensées qui couvaient sous les perruques majestueuses de cette noblesse lorsqu’elle prélassait sa glorieuse inutilité sur ces beaux fauteuils de marbre blanc !