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Page:Le Tour du monde - 13.djvu/233

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en échange, enlève presque tous les cotons du Khorassan, des laines, des peaux brutes, etc. Les cotons paraissent d’une aussi belle qualité que ceux qui arrivent en Russie de Khiva, de Boukhara et du Khokan. À Orenbourg, passage des caravanes, il m’a été affirmé qu’il en arrivait près de trente mille charges de chameaux tous les ans, sans compter les autres marchandises.

14 avril. — La distance de Charout à Miamei est de douze farsakhs, et, au pas régulier d’une caravane, on met presque quatorze heures à faire ce trajet.

À quatre heures du matin, je sortis de la ville pour rejoindre la colonne déjà en marche.

À partir de cette station jusqu’à Sebsevard, il n’est plus possible de voyager isolément ; tous les quinze jours, les voyageurs sont accompagnés par une escorte de fantassins, de cavaliers et de deux canons, chargée de les protéger contre les attaques des Turcomans, voisins du Khorassan, qui, se glissant par les nombreux passages de l’Elbourz, viennent se cacher dans les ravins de la route, et tombent à l’improviste sur les caravanes trop peu nombreuses pour repousser une attaque. Ils tuent tous ceux qui résistent et emportent dans les montagnes, où il est difficile de les atteindre, ce qu’il leur a été possible d’enlever.


Charout-Bastam : Tombeau de Bayazid-Bastam. — Dessin de E. Thérond d’après une photographie.

La colonne se composait d’un régiment d’infanterie armé de six canons, et de la cavalerie irrégulière formée d’un détachement de Schahsevends, originaires du pays compris entre Casbin et Guilan, hommes habitués à vivre sous la tente du produit de leurs troupeaux ; ils ont un goût inné pour le pillage et la maraude. Ces cavaliers avaient pour armes des sabres, des fusils et des pistolets.

Les Curdes du Curdistan persan, remarquables par leur costume riche et varié, de taille moyenne, trapus et d’un type particulier, étaient montés sur des chevaux croisés qu’ils prétendent être de pur sang arabe ; leurs armes se composaient du sabre, du pistolet, de la lance et du bouclier. Cette race, quoiqu’elle soit habituée aussi à aller de temps en temps piller ses voisins, est d’un caractère plus sûr et moins imbue de préjugés que les autres peuplades.

Les Baktiaris de la province de Chiras, moitié nomades, soumis de nom seulement, manient leurs chevaux de race arabe avec facilité et sont adroits au maniement du fusil, du pistolet, du sabre et de la lance, leurs armes habituelles.

Nous arrivâmes à Miamei assez tard, après avoir beaucoup souffert de la chaleur, de la poussière et de la soif. Le mulet qui portait ma provision d’eau s’étant abattu à un farsahk de Charout, mes cruches furent brisées ; j’avançai le plus vite possible, et, vers quatre heures du soir, j’arrivai un des premiers à une petite source