damnation pour crime d’infanticide. Il y a là une étude intéressante a faire ; mais n’est-ce point attaquer avec trop de hardiesse une grande question humanitaire ? La honte et le besoin de cacher les suites d’une faute, est-ce là le seul mobile qui les a poussées au crime ? Deviendront-elles de bonnes mères de famille plus tard ? Ce sentiment de la maternité qu’elles ont étouffé d’une façon si terrible, va-t-il renaître plus ardent, plus vivace pour les nouveaux fruits de leurs entrailles ?
Tout transporté qui désire entrer dans les liens du mariage doit faire venir ses papiers de famille ; les femmes sont déjà munies des leurs. Il faut faire les choses régulièrement pour ne pas créer de grandes difficultés à l’avenir, et surtout pour prévenir les cas de bigamie, l’erreur la plus dangereuse en l’espèce. Les fondateurs des sociétés nouvelles sont bien tenus de serrer le code et la légalité au plus près.
Cette formalité entraîne souvent de longs délais. L’état civil de beaucoup de condamnés n’est pas toujours facile à constater. Si quelques-uns ont eu un nom et une position dans le monde, beaucoup se trouvent être des vagabonds sans aveu, sans feu ni lieu ; il en est qui ont porté plusieurs noms, dont aucun n’est inscrit au registre de la mairie. D’autres sont des enfants du grand chemin, que leurs parents ont jetés avec un sobriquet ou un prénom dans ces troupes nomades de bohêmes et de saltimbanques, qui ont pour patrie la place publique, et pour domicile une voiture, errant de foire en foire.
Carbets d’Indiens Galibis, sur le Maroni. — Dessin de Riou d’après une aquarelle de M. Bouyer.
</noincldude> Quand les obstacles sont levés, quand des relations habilement ménagées ont mis les futurs époux en présence, s’ils se conviennent réciproquement, les bans sont publiés, le mariage civil et le mariage religieux s’accomplissent suivant les us habituels, et l’épouse suit l’époux au domicile conjugal.
Il y a un couple assez singulier au pénitencier de Saint-Laurent. Le mari a tué sa première femme ; la femme a assassiné son premier mari. Est-ce le hasard ou cette conformité d’antécédents qui les a rapprochés ? Qui se ressemble s’assemble, dit le proverbe. Ils n’ont, du reste, rien à se reprocher l’un à l’autre, et vivent, à ce qu’il paraît, en fort bonne intelligence. Peut-être se redoutent-ils, ou s’estiment-ils mutuellement, ayant fait tous les deux leurs preuves.
Qu’adviendra-t-il de ces appariages ? feront-ils souche d’honnêtes gens ? ou devra-t-on perpétuellement appliquer aux enfants, nés de parents criminels et dégradés, le vers de Racine adressé aux héritiers des Atrides ?
Tu sais qu’ils sont sortis d’un sang incestueux
Et tu t’étonnerais s’ils étaient vertueux.
J’ai plus de foi, pour ma part, dans la puissance du