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La Mission de Pevas comprend, dans sa juridiction, quatre villages situés sur la rive droite de l’Amazone. Le premier, distant de trois lieues, porte le nom de Cochiquinas ; il se compose de douze maisonnettes et d’une chapelle, assises sur un soubassement d’argile. Un de ces escaliers, taillés à coups de bêche, comme on en trouve fréquemment le long du fleuve, conduit du bord de l’eau au sommet du talus. Ce village est habité par des Mayorunas que le baptême a fait enfants de Dieu et de l’Église, mais que la civilisation n’a pu parvenir encore à dépouiller de leur rude écorce. Un morne silence régnait à Cochiquinas quand nous y abordâmes ; les portes des demeures étaient fermées et leurs possesseurs vaguaient dans les bois. Après avoir perdu trois heures à les attendre, je me décidai à passer outre, laissant à un chien blanc frotté de rocou qui dormait d’un œil seulement devant une porte, le soin de faire part de ma visite aux habitants de la localité.

À deux lieues de Cochiquinas et sur la même rive, on trouve le village de Mahucayaté[1] qui n’a que sept maisons, et quelles maisons ! puis, deux lieues plus loin, le village de Peruhuaté qui n’en a que quatre, et enfin celui de Moromoroté qui n’en a que deux. La physionomie de ces quatre points est à peu près la même : des talus d’ocre ou de glaise ; un groupe de huttes sur ces talus ; au fond, la ligne des forêts plus ou moins rapprochée, qui termine la perspective. C’est à faire bâiller d’ennui le voyageur le plus intrépide.

Indien Marahua.

La population de Mahucayaté est composée de Marahuas, groupe d’Indiens détachés de la nation des Mayorunas avec lesquels, malgré cette scission, ils vivent en bonne intelligence. Ces Marahuas, comme leurs amis et voisins les Mayorunas, avouent ingénument qu’ils n’ont embrassé le catholicisme que pour se procurer plus sûrement des haches et des couteaux. Ils passent dans les bois la plus grande partie du temps et c’est par hasard qu’on les trouve chez eux. Le village édifié à leur intention, compte aujourd’hui vingt-trois ans d’existence.

Une Indienne vieillie plutôt que vieille et tatouée aux

  1. Devenu par corruption Maucayaté.