pelle d’Isyé est encore celle de l’enfance de l’art qui atteint sa forme la plus pure à l’aurore des temps historiques, sous le règne des premiers mikados, et je vais en indiquer les caractères essentiels.
La situation du bâtiment, d’abord, est un point capital. On construit toujours les mias dans les sites les plus pittoresques et les plus riches en arbres de haute futaie. Quelquefois une belle avenue de pins ou de cèdres conduit au lieu sacré. Dans tous les cas, il doit être précédé de l’un de ces toris ou portails détachés, dont j’ai donné la description en parlant du temple de Benten.
On élève ordinairement les mias sur des collines, dont quelques-unes sont artificielles et revêtues de murs de construction cyclopéenne. On y monte par un large escalier très-bien entretenu.
La chapelle des ablutions est au pied de cet escalier : elle consiste en une simple toiture abritant un bassin de pierre que l’on maintient toujours plein d’eau.
Quant au temple proprement dit, il est exhaussé d’un à deux mètres au-dessus du sol ; supporté par quatre piliers massifs, et entouré, comme la plupart des habitations japonaises, d’une galerie ou vérandah, où l’on monte par quelques degrés. Il est construit en bois, fermé de trois côtés, et ouvert à la façade, quoique muni de châssis mobiles qui permettent de le clore au besoin.
L’intérieur du sanctuaire se trouve donc librement exposé aux regards. L’austère simplicité qui le distingue ne manque pas d’une certaine élégance. Les boiseries resplendissent de propreté ; les nattes qui recouvrent le plancher, sont de la plus grande finesse. Le disque de métal qui décore l’autel est d’un heureux effet dans l’ensemble du tableau, et à le prendre au point de vue symbolique, rien n’affaiblit sa muette éloquence, car l’œil ne rencontre alentour ni statues, ni images, ni tentures