Vue du hameau de Tahua-Miri sur le lac de Coary.
VOYAGE DE L’OCÉAN PACIFIQUE À L’OCÉAN ATLANTIQUE
À TRAVERS L’AMÉRIQUE DU SUD,
BRÉSIL.
DOUZIÈME ÉTAPE.
DE TABATINGA À SANTA MARIA DE BELEN DO PARA (suite).
Je ne passai que quarante-huit heures à Coary ; mais ce laps de temps suffit et au delà, pour influer sur mon humeur, et de gaie qu’elle était la tourner au lugubre. La visite que me fit le curé, l’épaule de mouton dont il me gratifia et l’aimable billet que cet ecclésiastique joignit à son morceau de viande, ne purent dissiper la mélancolie qui s’était emparée de moi. Ce ne fut qu’après avoir quitté cette ville morte et revu les plages de l’Amazone, que je rentrai par degrés dans mon état normal.
Le lac Mamia dans lequel, en passant, nous poussâmes une reconnaissance, est une belle nappe noire de cinq à six lieues de circuit, alimentée par une rivière venue de l’intérieur. Il communique avec le Coary par ce canal Isidorio dont nous avons parlé. Quelques familles d’Indiens Muras vivaient sur ses bords, fort ignorantes, à ce qu’il me parut, des projets d’avenir qu’avait formés à leur égard et sans les consulter, le curé de Coary. Ce digne prêtre avait obtenu du commandant de la Barra do Rio Negro, l’autorisation de fonder, à l’intention des Muras, une mission sur la rive du Mamia. Sa mission édifiée, il se proposait, nous avait-il dit, de faire planter par les néophytes dix mille caféïers, qui dans un temps donné devaient lui rapporter d’assez beaux bénéfices. Comme l’homme de Dieu nous avait demandé le secret, nous ne pûmes, quelque envie que nous en eussions, instruire les Muras, par l’organe de
- ↑ Suite. — Voy. t. VI, p. 81, 97, 241, 257, 273 ; t. VII, p. 225, 241, 273, 289 ; t. VIII, p. 97, 113, 129 ; t. IX, p. 129, 145, 161, 257, 177, 193, 209 ; t. X, p. 129, 145, 161, 177 ; t. XI, p. 161, 177, 193, 209, 225 ; t. XII, p. 161, 177, 193, 209 ; t. XIV, p. 81, 97, 113, 129, 145 ; t. XV, p. 97 et la note 2, 113 et 129.