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Page:Le Tour du monde - 15.djvu/321

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Le héros Yashitzoné (voy. p. 326). — Dessin de Émile Bayard d’après une peinture japonaise.


LE JAPON,


PAR M. AIMÉ HUMBERT, MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE.[1]


1863-1864. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


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Les quartiers autour du Castel (suite).

Dans les pays façonnés au despotisme, c’est une chose assez embarrassante pour le pauvre peuple que de savoir où sa patience doit s’arrêter. En république, il devient exigeant ; parce que la république lui ouvre les perspectives d’une amélioration sociale continue, et que tout gouvernement républicain reste nécessairement au-dessous de la tâche qui lui est imposée par un tel programme. Sous le régime du bon plaisir, au contraire, on sait gré au despote de ne pas faire tout le mal qu’il pourrait ; on lui tient compte de ce qu’il veut bien ne pas se montrer pire encore qu’on ne le connaît.

Un empereur japonais, qui était né sous la constellation du Chien, ordonna à ses sujets que les chiens fussent respectés comme des animaux sacrés, que l’on s’abstînt d’en tuer, et qu’à leur mort on eût soin de leur procurer une sépulture honorable.

L’un de ses sujets, dont le chien avait péri, se mit en devoir de l’enterrer sur les collines tumulaires. Chemin faisant, et las de porter le cadavre de l’animal, il se permit de dire à un ami qui l’accompagnait, que le décret de l’empereur lui paraissait ridicule.

« Garde-toi de murmurer, répondit son camarade, et songe que notre empereur aurait pu tout aussi bien naître sous le signe du Cheval ! »

Le quartier de Kourada (Sotosa-Kourada-Nagata-Sto), qui forme la première grande ligne de défense du

  1. Suite. — Voy. pages 289 et 305.