taire d’ambassade, et que je lui donnai l’aumône aussi libéralement que je le pus. »
De l’aveu même des Espagnols, le mendiant de profession existe encore aujourd’hui ; exempt d’infirmités et libre de travailler, couvert de haillons et cachant sa force et sa santé sous l’apparence de maladies qu’il feint de mille manières, il sait, au nom du Christ, exploiter habilement la charité chrétienne ; sa pensée dominante se trouve exactement rendue dans quelques vers du poëte Espronceda :
« Je suis pauvre, et chacun me plaint en m’entendant
gémir ; les richesses de tous m’appartiennent, car demander,
c’est une mine inépuisable. Le monde et l’air
m’appartiennent : les autres travaillent pour me nourrir,
Prêtre et femmes du peuple, à La carolina. — Dessin de Gustave Doré.
et il n’est personne qui ne s’attendrisse, quand je
crie d’un ton dolent : Una limosna por amor de Dios ! »
Quand nous arrivâmes à Santa Cruz de Mudela, notre diligence, à peine arrêtée devant la posada, fut littéralement assaillie par une troupe de mendiants plus nombreuse encore que celle d’Almuradiel ; notre provision de cuartos, déjà fort entamée, ne tarda pas à être épuisée tout à fait, et nous fûmes obligés de renvoyer les retardataires avec la formule espagnole : Dios le ampare !
(La suite à une autre livraison.)