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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/13

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découvrir ? Le fait est que je le crus et que je partis sans défiance.

Cette expédition avait fait appeler à Médine les principaux chefs du pays qui devaient fournir des contingents à Sambala, en leur qualité d’alliés, et entre autres Altiney Sega, chef du Natiaga, et Nyamody, chef du Logo. Quoique le Natiaga et le Logo soient, à vraiment parler, des provinces du Khasso, que leurs habitants soient Khassonkés, et que Sambala porte le titre de roi du Khasso, ce serait une erreur de croire qu’il commande à toutes ces principautés.

Le gouvernement du Sénégal, voyant dans Sambala un allié, a fait tous ses efforts pour augmenter son pouvoir et lui donner une prépondérance sur ses voisins, mais il n’a pu triompher des errements du passé. Le Logo est devenu son vassal, mais non son tributaire, et Nyamody, son chef, a soin de se fortifier dans son village de Sabouciré, afin d’être à l’abri du caprice de ce chef dont nous avons fait un allié, que nous avons sauvé de la mort lors du siége de Médine, et qui aujourd’hui méconnaît nos services, sinon ouvertement, du moins dans ses actes privés et dans ses conseils secrets. Quant à Altiney Séga, lorsque El Hadj arriva dans le pays en marquant chacun de ses pas par le sang et l’incendie, il crut prudent de céder à l’orage, et, à la tête de sa bande, il alla s’offrir au prophète pour l’aider à accomplir son œuvre, abandonnant Sémounou, alors chef du Natiaga, qui fut obligé de fuir. Il resta ainsi à la tête des siens, conservant un rang relatif, jusqu’au moment où El Hadj entama sa lutte avec le Ségou. Il revint alors, se disant autorisé par El Hadj à rentrer dans ses foyers, mais en réalité déserteur des rangs du prophète.


Entrée de la vallée de Natiaga. — Dessin de Tournois d’après l’album de M. Mage.

Comprenant que la déroute d’El Hadj, à Médine, en 1857, avait laissé entre nos mains la suprématie véritable du pays, ce fut au commandant de Médine qu’il s’adressa pour obtenir le droit de se réinstaller dans son village du Natiaga, qui appartenait autrefois à Mansolah ; puis, craignant peut-être une vengeance de Sambala, il alla s’établir dans une gorge naturellement fortifiée, où il fonda le village de Tinké, au pied de rochers qui sont de véritables défilés des Thermopyles. Lorsqu’il vint à Médine, appelé par Sambala, il me fit promettre d’aller le voir à mon passage à travers le Natiaga. Le gouverneur, croyant que ce chef avait conservé de bonnes relations avec El Hadj, avait donné l’ordre de le bien traiter, afin de le rendre favorable à nos intérêts et de compenser ainsi la malveillance évidente de Sambala à l’égard de notre voyage. Moi-même je me figurais que ce chef devait être un agent secret d’El Hadj, et, dès que je fus campé dans la plaine du Natiaga, voulant donner un jour de repos à mes hommes et en même temps m’assurer de ses forces, j’allai le voir. Ses contingents étaient partis de la veille ; il m’affirma qu’il ne savait pas de quel côté ils allaient. Il paraissait embarrassé et même avait tenté d’éluder ma visite, en se disant malade ; mais j’avais forcé l’entrée de sa maison, et il fut ainsi obligé de nous donner audience. Je lui conseillai la paix, la bonne entente avec tous ses voisins, et aussi de relever les nombreux villages détruits par la guerre, et particulièrement celui de Oua-Salla, sur le bord du fleuve, dont la position était admirable. Il me