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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/169

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blance pour la manière de vivre, les mœurs et les coutumes, ce qui me dispense d’entrer sous ces rapports dans de plus amples détails.

Il est vrai de dire que je n’avais pas d’ailleurs le loisir de visiter soit leurs colonies, soit leurs camps nomades. Si j’ai pu prendre des croquis qui me permettent de donner ici quelques types, c’est surtout grâce à la rencontre que j’ai faite d’une partie des émigrés revenant de Turquie, et qui étaient campés sur la route pendant une halte.

Les bêtes étaient déchargées ou dételées : aussi maigres que leurs maîtres, elles s’étaient dispersées de côté et d’autre, broutant quelques mauvaises herbes couvertes de poussière. Les hommes, comme passe-temps, creusaient dans des morceaux de bois, d’une façon grossière, des objets tels que cuillères, tasses et
Jeune garçon nogaï.
autres, qu’ils vendaient sur place à des paysans qui passaient par là. La plupart des femmes étaient occupées à raccommoder toutes sortes de haillons ; d’autres préparaient pour la bande une soupe peu appétissante. Les enfants, pareils à un essaim de mouches, tournaient autour des marmites, dans l’espoir d’attraper quelque morceau pour refaire leur estomac délabré par les fatigues de la marche du matin. La vue de ces malheureux voyageurs, dont une partie pouvait reprocher à l’autre la cause de ses malheurs, me fut d’autant plus pénible, que j’appris, en causant avec eux, qu’ils jouissaient auparavant d’un bien-être relatif.

Plusieurs de ces Nogaïs parlaient assez purement le russe, ce qui dénote chez eux un certain degré d’intelligence, lorsque surtout on les compare aux autres tribus indigènes, qui s’approprient avec beaucoup de difficulté les dialectes étrangers et la langue officielle (c’est-à-dire le russe).