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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/168

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mans, habitants de ces contrées. C’est là, pensent-ils, que doivent se trouver l’orthodoxie, la béatitude, toutes sortes de bonheur et de joies terrestres.

Les Nogaïs[1] ont appris à leurs dépens tout ce qu’il y a de vain dans ces espérances. Séduits par de belles promesses, ils s’étaient empressés de vendre tout ce qui avait pu rencontrer des acheteurs, et, laissant le reste à l’abandon, ils étaient partis par bandes nombreuses pour la Turquie. Là un grand nombre de familles succombèrent victimes de la famine, des fatigues et des privations de tous genres : une faible partie resta sur cette terre inhospitalière, où on les voit encore, réduits à la mendicité, tendre la main dans les grandes villes.


Nogaï.

Lorsque le gouvernement russe eut connaissance des maux qui accablaient ses anciens sujets, il fit offrir des secours à ceux qui voudraient rentrer dans leur patrie. Beaucoup acceptèrent. C’étaient eux que je voyais le long des chemins, se hâtant vers le sol natal. Combien mon âme était remplie de tristesse à l’aspect de ces malheureux en haillons, à demi mourants de faim, qui, au milieu des travaux de leur réinstallation, faisaient entendre de terribles malédictions contre Stamboul et contre leur propre légèreté !

Les terrains occupés par les Nogaïs longent les frontières du Caucase au nord-ouest, et s’étendent au midi jusqu’aux steppes des Kalmouks : cette immense région est connue sous le nom de steppes Nogaïs.

C’est une peuplade pacifique, assez laborieuse, et s’attachant au sol plus facilement que les Kalmouks, avec lesquels elle a cependant beaucoup de ressem-

  1. Les Nogaïs sont de race turque. « Plus de 300 000 Nogaïs, de la province du Caucase, ont émigré, de 1856 à 1860, dans la Turquie, où ils sont presque tous morts du typhus. Il ne reste plus en Russie qu’environ 400 000 Nogaïs. » Dussieux, Géographie générale.