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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/172

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Le costume des Cosaques est presque le même que celui du montagnard caucasien : il en a adopté le vêtement depuis l’immense bonnet fourré jusqu’à la fine bottine. La température et l’hygiène sont les premiers tyrans de la mode.

Quoique ennemi juré et mortel du montagnard, le Cosaque s’est habitué à estimer en lui son impassible courage et sa brillante bravoure. Le jeune Cosaque cherche à ressembler au Caucasien, non-seulement par ses manières pleines d’audace, mais surtout par le costume. Tout homme qui connaît les deux races ne manquera pas d’observer ce trait exceptionnel.


Nogaï.

Du reste, le Cosaque, dans sa tenue de travail, lors qu’il est aux champs, diffère peu des simples cultivateurs de la Petite-Russie ; il porte le même bonnet et le même casaquin. Les femmes s’habillent presque toujours comme les Petites-Russiennes.

En général, les hommes et les femmes de cette race unissent l’élégance et la proportion des formes à une beauté remarquable : il est seulement à regretter que chez eux le développement de l’intelligence ne soit pas en rapport avec celui du corps et laisse beaucoup à désirer. La paresse d’esprit leur est commune avec le vrai Russe ; ils sont, en outre, imbus d’un préjugé qui les porte à voir d’un mauvais œil toute innovation ou toute amélioration dans la vie ordinaire. Ils tiennent à conserver strictement les-habitudes de leurs ancêtres, et sont ennemis, par cela même, de tout progrès et de toute civilisation.


Ale-Ale (Nogaï).

La majeure partie professe le Rasskol, ou religion des vieux croyants. L’orthodoxie officielle y est tolérée ; mais il n’en existe pas moins contre elle une lutte sourde et cachée.

J’ai rencontré, en chemin, des bandes de mendiants déguenillés et fortement hâlés : c’étaient des Grecs. J’ai fait le croquis de beaucoup d’entre eux, et je regrette infiniment de ne pouvoir donner ici toute une série de portraits, types à part qu’on ne rencontre qu’au sud. Ces pauvres gens (peut-être ai-je tort de dire pauvres, car qui peut connaître ce qu’ils possèdent ?) errent tout l’été sur les grandes routes jusqu’à Moscou. Il est fort présumable qu’à leur retour chez eux, après cette longue promenade, ils rentrent avec des bourses bien garnies et passablement lourdes ; tout le peuple russe est plein de miséricorde pour les frères mendiants, et il y a lieu de croire que les Grecs sont des gens fort habiles dans la pratique de cette industrie.

Pour accoster les voyageurs, ils se servent d’un baraguoin parfaitement étudié :

« Moi, disent-ils, moi, Grec ; moi, frère de Russe ; moi, orthodoxe ; moi, pauvre, très-pauvre orthodoxe. »

Et, pour prouver leur orthodoxie, ils font le signe