Aller au contenu

Page:Le Tour du monde - 17.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la croix comme les Russes (en portant la main du front à la poitrine, puis de l’épaule droite à l’épaule gauche). Pour qu’on ne doute point de leur pauvreté, ils disposent avec art leurs haillons de manière à en augmenter l’horreur, et même, au besoin, ils exhibent des plaies ou des infirmités de circonstance. La plupart d’entre eux cependant sont doués d’une robuste constitution et capables de lutter de force avec des bœufs dans les plus rudes travaux.

Le plus curieux, c’est que beaucoup de vagabonds d’autre race, surtout des Bohémiens, se disent tous Grecs, se signent de la croix et se prétendent orthodoxes et frères de Russes.


Cosaque.

À côté de cette vile multitude apparaissent d’autres mendiants, pas plus Grecs, mais aussi fourbes que ceux que je viens de décrire. Ce sont des moines, ou, du moins, ils portent le costume de l’ordre ; ils ne vont pas à pied ; ils se donnent la jouissance de parcourir en voiture la sainte Russie. Dans leurs récits extraordinaires, ils ne tarissent jamais sur la vie ascétique des leurs, sur les martyres qu’ils souffrent pour l’orthodoxie. Ils exploitent de préférence la générosité des gros négociants, et surtout celle des femmes, et s’en retournent chez eux les sacoches pleines.

Je m’arrête ; il serait possible qu’en lisant ces lignes, ces Grecs fussent offensés d’être compris parmi les mendiants.


Route de Stavropol. — Une station postale. — Les inspecteurs mélomanes. — Un postillon trop confiant. — Les chevaux indociles.

Certes, pour me décider à subir les difficultés et les fatigues innombrables de ce voyage, il a fallu l’attrait puissant des tableaux variés et curieux que chaque étape offrait à mes regards. Puissé-je faire participer mon lecteur à l’intérêt qu’ils m’ont inspiré !

La route, aussitôt que survenait la pluie, ressemblait