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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/190

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fait facilement reconnaître, et l’on peut affirmer que leurs traits ont beaucoup de ressemblance avec ceux des races méridionales.


Vladicavcaz. — La bourka lesghienne. — Les Cabardins. — Traditions historiques. — Deux chasses, nobles et cultivateurs. — Le Valiy.

La ville de Vladicavcaz est située à cent cinquante verstes de Géorgievsk, au pied même de la chaîne principale du Caucase. Elle est assez bien fortifiée. Son nom signifie, presque mot à mot, maître, seigneur, dominateur du Caucase. Elle commande l’entrée nord d’un défilé, unique passage dans ces montagnes, et c’est ce qui explique la dénomination qu’on lui a donnée. Elle est construite sur le Térek, fleuve qui prend sa source dans les gorges du Darial, coule d’abord vers le nord ouest, puis tourne vers l’est, à la hauteur de Mozdock, pour aller se jeter dans la mer Caspienne.

L’aspect des bâtiments de la ville n’offre rien de pittoresque. C’est presque la répétition de tout ce que l’on voit dans les cités de bailliage en Russie. Des boutiques, avec leurs étalages, bordent la grande route. Au milieu se trouve une place entourée d’édifices affectés aux tribunaux, aux relais de poste et aux hôtels. Je n’y ai remarqué aucune trace d’industrie.


Bohémiens

Je ne dois pas oublier une recommandation pour le voyageur qui arrive à Vladicavcaz : il ne doit pas oublier de se munir d’une bourka lesghienne. C’est une espèce d’ample balandran, ou, pour mieux dire, de manteau fabriqué de laine de mouton, dont on fait usage dans toutes les contrées du Caucase et du Transcaucase. Ce vêtement, fort précieux par les services qu’il rend, s’importe ici de la montagne : il est renommé pour sa légèreté, son tissu serré et son poil fort court. La bourka lesghienne est préférée à celle du Daghestan, qui est lourde et dont le poil, plus long, retombe sur la partie extérieure. Elle est ici d’un usage général, ainsi que les immenses bonnets de fourrure ce qui donne aux habitants un air d’indigènes tout à fait intéressant.

Le relais de poste suivant, en allant à Tiflis, est établi dans le défilé même. Mais avant de nous engager dans celui-ci je ne puis me dispenser de vous faire faire connaissance avec les Cabardins, peuplade de la race des montagnards caucasiens, qui occupe, près de Vladicavcaz, à l’ouest, les premiers gradins de la chaîne principale.

Autant que j’ai pu l’observer, tous les montagnards que j’ai rencontrés dans le Caucase m’ont paru avoir une certaine ressemblance, bien que portant des noms différents. Leurs costumes, leurs physionomies, leur manière de vivre, leur foi religieuse, sont à peu près les mêmes. Ainsi, ce que j’ai à raconter sur les Cabardins peut le plus souvent convenir aux autres Caucasiens établis dans ces parages : cette digression à propos d’une seule peuplade a donc l’avantage de m’épargner des redites.