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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/192

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ennemi étaient une école toute naturelle pour le jeune homme, et il ne faut pas oublier qu’à la différence de ce qui se passe dans la plupart des peuplades guerrières de l’Asie occidentale, ces invasions n’avaient pas pour but principal le pillage, mais plutôt le désir de faire preuve de courage et de briller.

Un observateur tant soit peu habitué à étudier d’un coup d’œil tout ce qui l’entoure reconnaît, sans hésiter, un noble Cabardin à une sorte de grâce naturelle. Le paysan se caractérise, au contraire, par sa lourdeur, qui contraste avec la désinvolture aisée du guerrier.

Au reste, le cultivateur n’envie pas la distinction de la classe supérieure. Il estime beaucoup plus le gros bon sens et la force musculaire de ses semblables que la finesse et l’audace des nobles.


Bohémienne.

L’autorité du prince et du noble était jadis illimitée, chaque noble disposait de son esclave comme il l’entendait, et celui-ci, courbé sous le joug despotique d’une puissance sans borne, obéissait servilement et fidèlement. Son dévouement ne connaissait aucune limite, et jamais il ne permettait à l’étranger de mal parler de son seigneur. C’était, en un mot, l’attachement du chien pour son maître. Depuis l’émancipation générale des serfs dans toute la Russie les rapports ne sont plus les mêmes entre l’homme possesseur et l’homme possédé.

B. Vereschaguine.

(La suite à la prochaine livraison.)