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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/197

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une députation à un empereur russe. On ne dit pas quel était cet empereur, mais ce n’est point assurément Alexandre II. Les délégués, après avoir fait part au tzar de l’objet de leur visite et des désirs du peuple, terminèrent leurs doléances de la manière suivante :

« Ô monarque, tu es clément, plein de sagesse et de bonté, mais nous avons appris qu’il y a près de toi un mauvais courtisan qui se nomme Gouvernement. Grand monarque, chasse, chasse à jamais de ta présence ce perfide, cet odieux Gouvernement, et, une fois que nous en serons délivrés, toutes les affaires en iront mieux dans tous les pays qui respectent ton nom… »

Cette anecdote me paraît imaginaire, mais on l’entend raconter dans les deux Cabarda, et elle témoigne du moins en faveur de la finesse et de la raison des habitants.


Cabardin.

J’ajouterai toutefois que la longue soumission des Cabardins et de quelques autres peuplades les a sauvés d’une destruction à laquelle n’ont pas échappé leurs voisins du Transkouban, qui, après avoir été vaincus, ont été expulsés de leurs montagnes et exportés en Turquie. Cet événement est bien connu, et je n’entrerai point ici, pour différents motifs, dans les tristes détails qui s’y rattachent.

À l’époque de mon voyage à travers les contrées situées sur le Coubagne, la grande guerre était terminée. Cependant, on avait encore à soutenir quelques engagements avec certaines petites peuplades qui s’étaient retranchées dans les gorges inaccessibles des montagnes, où elles espéraient se maintenir contre les attaques des troupes. J’eus alors l’occasion de m’entretenir avec des personnes qui avaient pris part à ces affaires ; un officier, entre autres, m’avoua le mécontentement qu’inspirait ce genre de guerre. Les poursuites inces-