Aller au contenu

Page:Le Tour du monde - 17.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans son trou, et que le crotale respecte le rongeur a côté duquel il a chaud. Toutes les tanières communiquent souterrainement. L’hiver, l’orifice extérieur est bouché, mais on le reconnaît encore aux déblais entassés en rond qui l’entourent.

En parlant des rongeurs des Prairies, on ne saurait oublier le castor. On retrouve le long des cours d’eau les ouvrages savants de cette intelligente bête, surtout ces digues jetées en travers du courant, et qui feraient honneur à l’hydraulicien le plus consommé. Elles sont faites de boue argileuse et de troncs d’arbres, que le castor scie avec ses dents, porte et installe lui-même. Dans le petit lac que la digue forme, les bêtes boivent et se baignent. Souvent leurs maisons sont voisines, et l’eau peut y pénétrer directement. Ces maisons sont à trois étages, qui ont chacun leur destination. À l’étage supérieur est la chambre à coucher, à l’étage inférieur la salle de bain. L’étage moyen reçoit les provisions et sert de salle à manger. « Les castors, c’est des bêtes propres et savantes, me disait un jour un chasseur. Ça prend des bains tous les jours, même pendant l’hiver, et ça bâtit des maisons comme les hommes. »

Les ruminants et les rongeurs représentent les principaux habitants du désert américain.

Les loups, les renards, les ours, les chats sauvages et d’autres carnassiers, font quelques apparitions ; cependant il convient de dire qu’une sorte de loup, le coyote (Canis latrans), habite volontiers les Prairies. Les oiseaux sont rares, sauf quelques rapaces, surtout des corbeaux, affamés et criards, et, le long des ruisseaux, quelques palmipèdes et gallinacés, quelques poules, quelques oies et canards sauvages, qui se cachent au milieu des coudriers.

Parmi les insectes, il faut citer principalement les fourmis et les sauterelles, qui font toutes les deux de grands ravages au milieu des cultures naissantes, et l’on aura ainsi une idée de la faune du Grand Ouest.

La végétation est partout la même ; ce sont des graminées naturelles où aucune espèce ne manque, et où le buffle, l’antilope et souvent le cerf, le renne, l’élan, le daim, le mouflon, descendus des montagnes Rocheuses, trouvent un pâturage qu’ils aiment. L’été, le gazon s’élève, en certaines places, jusqu’à hauteur d’homme ; c’est alors la plus belle époque de l’année. La Prairie est pour quelques mois parée de verdure et de fleurs ; il fait bon d’y camper. Au commencement