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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/248

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ainsi, avaient sur lui des droits imprescriptibles. Une députation de sachems, envoyée en 1863 à Denver pour traiter avec le gouverneur du Colorado, n’avait pu s’entendre avec lui, et la lutte avait recommencé avec plus d’opiniâtreté que jamais. Des actes de sauvage déprédation avaient été commis. La diligence, arrêtée tous les jours, avait cessé de courir ; les trains d’émigrants avaient été surpris et massacrés ; des convois, des détachements de soldats avaient eu le même sort. Sur la route toutes les fermes, tous les relais avaient été saccagés et brûlés ; le bétail avait été volé ; les hommes avaient été tués, scalpés ; les femmes, les
Yulé et Quincy, chefs des Yutes (bande des Sahquatches). — Dessin de Janet Lange d’après une photographie.
enfants conduits en esclavage et soumis aux plus durs traitements. Les Indiens, nous l’avons dit, avaient même tenté de prendre le fort Sedgwick, où s’étaient réfugiées des bandes nombreuses d’émigrants avec tout leur bétail, et il avait fallu lancer contre les assaillants au nombre de plusieurs milliers, et les obus et la mitraille. Après deux ans les plaies ouvertes par cette lutte sanguinaire n’étaient pas encore fermées, et les ruines étaient pour ainsi dire toujours fumantes sur la route de Julesbourg à Denver.

Les pionniers du Colorado avaient opposé à tous ces obstacles ce courage froid et impassible qui est le propre