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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/25

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et alors je laissai aux épines d’autres morceaux d’habits avec la moitié de la coiffe de mon chapeau, trop heureux de n’être pas poursuivi par le superbe roi de ces forêts.

Entre onze heures et midi, je hélais, pour la quatrième fois, lorsqu’on me répondit ; j’étais à côté du canot. Une demi-heure après, Bara arrivait avec le docteur. J’avais déjà commencé, à coups de couteau de chasse, à élaguer les broussailles pour faire un campement. À une heure et demie, les hommes arrivèrent ; mais un âne manquait, ainsi que la peau de bouc contenant les effets de Mamboye. Samba Yoro et Alioun étaient à la recherche de l’âne. À deux heures, Alioun arriva sans avoir rien trouvé ; à trois heures, ce fut le tour de Samba Yoro, rendu de fatigue. Je fis alors partir tout le monde, et, pendant ce temps, une de nos mules rompit sa corde et s’échappa, suivie de deux chevaux.


Racine Tall, chef des troupes d’El Hadj, à Koundian (type de Toucouleur) (voy. p. 26). — Dessin de Émile Bayard d’après l’album de M. Mage.

Enfin, à sept heures du soir, tout le monde arriva  ; on avait retrouvé la charge de l’âne, la mule et les deux chevaux ; mais l’âne manquait.

La mule avait repris le chemin de Médine, et plus d’une fois elle nous joua le même tour par la suite.

Après une journée comme celle-là, on a besoin de repos, et cependant le 11, au matin, on repartait à la recherche de l’âne égaré et de la peau de bouc contenant les effets de Mamboye. À onze heures on avait retrouvé l’un et l’autre. Le reste de la journée fut employé à installer des branches pour faire sécher de la viande, à nettoyer le camp, et à mettre de l’ordre dans nos bagages. Puis, ayant trouvé, en rôdant aux alentours, des traces fraîches d’individus qui se préparaient à prendre le miel d’une ruche, et sans doute avaient fui au bruit des coups de fusil dont nous accompagnions souvent notre marche, il fallut songer à la prudence ; je fis disposer autour de notre campement une haie d’épines au milieu des herbes, de manière à former une défense à l’abri de laquelle nous eussions pu tenir tête à une centaine d’hommes.