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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/253

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Outre mistress Ewbanks et miss Roper, les Chayennes avaient fait encore d’autres prisonnières, entre le fort Kearney et la rivière Bleue, ou sur la Plate. Une de ces pauvres femmes, mistress Snyders, se suicida de désespoir, pour échapper aux cruautés des Indiens.

Il était juste de faire subir à ces sauvages un châtiment exemplaire. Double-Face et Pied-Noir, tombés entre les mains des blancs, furent pendus au fort Laramie, en 1866.

Des traitants que j’ai rencontrés plus tard dans le Dakota m’ont confirmé toutes ces histoires.

Ils avaient connu miss Ewbanks avant sa captivité.


III

LA NAISSANCE D’UN TERRITOIRE.


Caractère des émigrants. — Première découverte de l’or. — Arrivée des mineurs. — Auraria et Golden-City. — L’origine d’une ville — Le mineur Gregory. — Découverte des filons aurifères. — Black-Hawk, Central-City et Nevada. — Climat des montagnes. — Idaho, les deux Empires et Georgetown. — Aspect de Denver. — Le Mechanic’s Institute.

Les pionniers du Colorado, qui ont eu à lutter, dès le début, contre de si terribles obstacles, et qui, malgré toutes ces difficultés, ont si brillamment colonisé ce lointain territoire ont donné à tous une leçon des
Vue prise du Jardin des Dieux (Colorado). — Dessin de E. Cicéri d’après une photographie.
plus salutaires. Nous ne rencontrons pas ici, comme en Californie, l’écume de toutes les nations, purifiée, il est vrai, régénérée peu à peu par le travail. Tous les peuples, dans ce nouvel Eldorado, n’ont pas été conviés à la curée de l’or. Ce sont seulement les enfants perdus de la civilisation, les résidents des derniers États de l’Ouest, qui sont arrivés avec leurs femmes, leurs enfants, dès le premier moment de la découverte de l’or au pied du pic de Pike. Sans jeter de regard en arrière, chacun est venu pour toujours et pour établir à jamais, dans ce pays inconnu hier, et sa famille et son foyer. Il y a bien eu, au début de l’exploitation des placers, quelques troubles dans la cité des Plaines (c’est ainsi que s’est d’abord appelée Denver). Mais grâce aux comités de vigilance, grâce à la loi de Lynch, qui avaient si rigoureusement fonctionné en Californie, et qui ne sont pas, cette fois encore, restés inactifs, le pays a été bien vite purgé de tous les désespérés, de tous les gens sans aveu qui, rejetés des États paisibles, s’étaient précipités sur le Colorado, comme sur une proie facile à dévorer.

On ignore peut-être en France les détails qui ont amené la découverte de l’or au pied des montagnes Rocheuses. Ici, comme dans tous les Eldorados, cette découverte a été due au hasard. Des savants, des explorateurs, des géologues avaient traversé ces mon-