réalisant le projet du général Faidherbe, s’avançait vers le Niger pour y prendre pied, Kita serait une de ses étapes naturelles les mieux indiquées.
Lorsque je quittai Kita, on me prévint que pendant
trois grandes journées de marche j’avais à traverser de
vastes solitudes inhabitées, sauf peut-être par quelques
brigands. En effet, nous trouvâmes un pays désert,
montagneux, souvent aride, mais quelquefois
offrant des vallées au fond desquelles nous apercevions
des bois de roniers, des marigots, des ruisseaux
bordés de bambous d’une force prodigieuse (ce sont
les plus beaux que j’aie vus dans la Sénégambie), et
nous arrivâmes, marchant quelquefois sur des ruines
qui attestaient l’existence passée d’immenses villages
(tels que Mambiri), au camp de Seppo, ainsi nommé
d’une source qui a créé, au milieu d’une plaine rocheuse,
Passage à gué du Bakhoy (voy. p. 33). — Dessin de Émile Bayard d’après l’album de M. Mage.
un peu de végétation, de l’herbe et quelques
baobabs. Sur notre droite nous avions la montagne
granitique de Dioumi ; selon le docteur qui l’explora,
elle offrait à l’œil des teintes violettes.
Sur notre gauche, faisant face au nord, était la montagne d’où sortait la source ; elle était entièrement composée de roches schisteuses dont je ramassai un échantillon que je crois bitumineux. L’eau était mauvaise, très-sale ; nous fûmes obligés de la filtrer dans un linge pour en séparer une vase noire.
Le lendemain nous étions au bord du Bakhoy no 2, affluent de la rivière de ce nom, tributaire elle-même du Sénégal. Le confluent des deux Bakhoy se trouve un peu en amont de Fangalla au district malinké de Feléba. Sur toute cette route nous n’avions rencontré que deux petites caravanes. L’une portait du sel et allait