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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/405

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la conversion de l’abbé Ratisbonne, d’une traite je refluai jusqu’au Corso, où m’attendait à quelques pas une impression difficile à oublier. Deux mois auparavant, quand j’étais à Naples, je dînais presque chaque jour en compagnie d’une jeune dame romaine, Française d’origine, parlant plusieurs langues et douée d’un aimable esprit. C’était la marquise Capranica, belle sœur de la Ristori, qui a épousé un cadet des Capranica, le marquis del Grillo. La santé de ma commensale était mauvaise ; la nuit je l’entendais tousser, car sa chambre touchait à la mienne.


Intérieur de la Basilique de Constantin. — Dessin de E. Thérond d’après une photographie.

J’étais loin de penser à cette dame, lorsque, entraîné dans l’évolution d’une foule qui envahissait le Corso, j’arrivai juste à temps pour voir défiler une procession de prêtres et de moines avec des cierges.

Entre ces religieux et une suite de voitures armoriées complétement vides, deux rangs de porteurs élevaient sur leurs épaules un cataletto où reposait à visage découvert, dans ses atours et drapée sous les plis d’une robe de moire bouton-d’or, une morte qu’entouraient avec des torches ses valets en grande livrée. Je reconnus ma pauvre voisine, la marquise Capranica que j’avais vue si enjouée et si peu asservie aux roideurs de l’étiquette. La pompe accoutumée