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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/404

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vis, il lui plaça une baguette en travers de la gueule et les pattes de devant sur la baguette ; puis il le fit se dresser sur les pattes de derrière, il siffla l’air « des Français dedans la Lorraine, » et le caniche se mit à danser.

C’était là le spectacle qui dans la pensée de notre troubadour d’infanterie devait être le couronnement de l’édifice, le bouquet de notre exploration, et remplacer sans désavantage les girandoles de quatre mille cinq cents fusées chacune, qu’autrefois on lançait en bloc de cette terrasse le soir de la Saint-Pierre : gerbe de feu colossale qu’avait imaginée Michel-Ange.

L’invention de notre guerrier est moins ambitieuse ; mais qu’elle est plus militaire, et plus française aussi !


IV


Di la, di qua… — Sant’-Andrea delle Fratte, en habit de fête. — Dernière entrevue avec la marquise C*** ; cortége et coutumes funèbres. — Hygiène de la douleur. — Église de Saint-Marc et palais de Venise. — Légende des deux Adam. — Sainte Suzanne et les frères Duquesnoy. — Sainte Françoise, dame romaine. — Le temple d’Antonin et Faustine. — Basilique de Constantin et légende des Arcs de la Paix. — Chemin du Forum Palladium par les colonnate de Nerva. — Vénus et Rome. — Origine des arcs de triomphe : Septime-Sévère. — L’Arc de Titus ; anecdote juive. — Les inscriptions des Augustes et celles du jour. — Arc de Constantin ; sa destination première,  etc.

Arc de la Basilique de Constantin. — Dessin de E. Thérond d’après une photographie.

Comme il advient à un chasseur par une journée oiseuse de sortir avec son fusil sans même un chien d’arrêt pour guide, et de faire au hasard des battues buissonnières, ainsi m’est-il arrivé souvent, dans ces quartiers de Rome si giboyeux pour le touriste, de battre le pavé sans but, un crayon dans la poche, et de prendre çà et là des notes à la pipée.

Un matin que les tempêtes avaient empêché l’arrivée des courriers de la France, m’étant mis tristement en campagne sans autre intention que de n’aller nulle part, je trouvai dès le bas de ma rue montueuse de Capo le Dase, l’occasion de griffonner ce qui suit : « Lorsqu’une funzione doit amener dans une église le peuple et les cardinaux, vite on cachera le porphyre, les jaspes, le porta-santa, le cipolin, les granits africains sous des enveloppes de calicot rouge ou bleu ; aux plus précieuses colonnes de l’antiquité on passera des pantalons de percale jaune. N’est-ce pas comme si, pour recevoir des rois au musée du Vatican, on habillait l’Apollon en garçon limonadier et Vénus en demoiselle de comptoir ? J’ai vu la nef de Sant’-Andrea delle Fratte travestie de la sorte et les Romains se trémousser d’aise, tandis que je croyais entrer dans la boutique des Deux-Magots. »

Ce mauvais goût est propre au menu clergé de tous les pays. Il n’offusqua si fort, que sans chercher parmi toute cette rouennerie la Vierge miraculeuse qui opéra