Aller au contenu

Page:Le Tour du monde - 18.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fond de la Scythie et de l’Hyrcarie, il suffit qu’il pose le pied sur quelque steppe inconnu pour y créer un foyer de civilisation grecque qui persiste jusqu’au moyen âge. L’islamisme lui-même, qui trouve cette grande trace partout, finit, malgré son horreur pour les temps païens, par se créer la légende de Zoulkarnaïn[1]. — Voilà de ces choses qui confondent la conscience humaine. Une si grande œuvre accomplie par un si indigne ouvrier, quand l’incomparable grandeur personnelle d’un Épaminondas a été sans la moindre action sur la destinée du monde !


Tombeau de Rundjet-Sung, à Lahore. — Dessin de E. Thérond d’après une photographie.

Il faut pourtant reconnaître une grande loi historique : c’est que tout homme qui a été un agent puissant de la civilisation générale a été un vrai grand homme, quelle qu’ait été d’ailleurs son indignité personnelle. C’est là l’inconnue (comme disent les algébristes) qu’il faut dégager du tissu de défaillances et de crimes qui font l’histoire d’Alexandre : qui trouvera cette inconnue aura écrit un livre qui nous manque encore.

G. Lejean.

(La suite à la prochaine livraison.)


  1. L’homme aux deux cornes (les cornes d’Ammon, figurées sur les médailles).