LE PANDJÂB ET LE CACHEMIR,
VI
Lahore, chef-lieu de l’administration anglaise dans le
Pandjab, a été la capitale politique des Sikhs : leur
métropole religieuse est une ville qui a peu d’importance
sur la carte, mais qui est en réalité plus peuplée
Pont de bateaux d’Attok (Passage de l’Indus). — Dessin de H. Clerget d’après une photographie.
que Lyon et Marseille : c’est Amritsir, à dix lieues de
Lahore. C’est là, au milieu du lac artificiel qui a donné
son nom à la ville (Amrita-Sâra, lac de l’immortalité),
que le fondateur du culte sikh, le gourou Naneck, qui
n’était qu’une sorte de prophète mendiant, bâtit de
marbre, d’or et de pierreries, ce temple sans égal dans
l’Inde, une des merveilles du monde que je me promis
d’aller voir : à l’inverse de plusieurs de mes projets,
celui-ci du moins s’accomplit, comme le lecteur le
verra par la suite.
J’ai « brûlé » en un jour toute la laide contrée qui va de l’Hydaspe à l’Indus. Avant Rawul-Pindi, j’ai passé à travers de basses collines rougeâtres, pauvres, nues ; ce sont des éperons ou des éboulis de la Chaîne de Sel[2] ; on y a récemment découvert quelques ruines et des médailles de l’époque gréco-bactrienne. Le lieu
- ↑ Suite. — Voy. p. 177.
- ↑ Salt range, la Chaîne de Sel, qui circonscrit au sud le bassin secondaire de la rivière Swat ou Ling, décrit une courbe irrégulière entre l’Indus et l’Hydaspe. À la hauteur de Pindaden-Khan, elle se dirige parallèlement au cours de ce dernier fleuve, dont elle n’est éloignée que d’un’myriamètre environ. Sa ligne de faîte, composée de calcaires stratiliés, s’élève à six cents mètres au-dessus de la plaine et repose sur un entassement confus de débris de ter-