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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/28

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rait lui donner ; de plus, cet arbre est très-vivace, car, constamment ravagé par l’incendie des herbes, on voit toujours surgir des vieilles souches noircies de jeunes et vigoureux rejetons.

Pour mettre ce projet à exécution, on pourrait recueillir dans les campagnes les nombreux rejetons de santal que l’on y rencontre, ou mieux encore à l’époque voulue en récolter les graines. Ce moyen serait moins coûteux et plus expéditif.

Le bivac de notre troisième nuit de voyage fut établi sur les bords de la Tontouta, sous un léger abri élevé par nos guides pour nous défendre contre les fortes rosées de la nuit, et notre sommeil fut bercé par le murmure des eaux de cette rivière, coulant rapidement sur un fond de rochers.

La route que nous suivions est la plus longue, mais la plus commode ; elle se dirige le long du pied de la grande chaîne de montagnes qui s’étend nord 45° depuis le mont d’Or jusqu’à l’embouchure de la Tontouta ; là, doublant cette chaîne, près du rivage de la mer, nous commençâmes à remonter au nord et au nord-est en suivant le plus petit axe de l’île.


Maison d’habitation de M. Pion, planteur à Kanala. — Dessin d’Émile Bayard, d’après une photographie de M. E. de Greslan.

Nous franchîmes à gué, dans la matinée du 26, la belle rivière d’Ouenghi ; traversant de grandes prairies, notre marche était facile et agréable, nous apercevions de loin le beau pic presque isolé et arrondi de Ouitchambo. Nous l’atteignîmes sur le soir, et après avoir traversé la petite rivière d’Ouaia, nous entrevîmes les cases de Bouloupari pittoresquement échelonnées sur le flanc des collines ; alors nous dûmes dire adieu aux plaines et par conséquent à la marche aisée et facile.

Nous établîmes notre camp à Tando-Ourouma, dernier village de Bouloupari ; il est placé sur un petit plateau qui s’élève au milieu d’une longue et profonde vallée bien arrosée. Vue du haut de la montagne, cette vallée est si verdoyante que l’œil ne peut en un seul point distinguer le sol. Cette mer de verdure est encore embellie par les myriades d’oiseaux qu’elle protége et nourrit. En descendant, nos yeux cherchaient sur les hautes branches le gros pigeon calédonien, le pigeon ordinaire analogue à notre ramier ; les deux variétés si charmantes de pigeons jaune et vert comme le feuillage qui les abrite ; la perruche aux plumes brillantes,  etc.

Nous eûmes dans ce trajet plus d’une occasion de montrer notre adresse aux indigènes ; le fusil Lefaucheux de l’un de nous excitait surtout leur admiration.

Saïma, petit chef de Tando-Ourouma, nous reçut avec un long discours, tenant dans ses mains des ignames et un morceau d’étoffe qu’il nous offrit ensuite ; ses paroles rapides nous souhaitaient la bienvenue, et nous recommandaient aux indigènes du village. Saïma est tout à fait sauvage ; bien peu de blancs