Page:Le Tour du monde - 18.djvu/4

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nous assurer un bon dîner ; le second, et le plus important des deux, de montrer à nos hôtes la valeur de nos armes. Je crus deviner qu’ils exagérèrent même la chose dans le récit qu’ils en firent au retour et qu’ils étaient bien près d’affirmer qu’un fusil qui tuait quatre canards d’un coup avait le pouvoir de tuer tout autant de Kanaks.

Le chef du village de Poimbey, vieillard à longue barbe blanche, arriva accompagné d’une escorte vêtue aussi primitivement que possible. Néanmoins, dans ces montagnes, où le froid est quelquefois assez sensible à la peau nue, les indigènes se confectionnent des manteaux fort curieux : à l’intérieur c’est une natte parfaitement tressée ; mais à l’extérieur des milliers de bouts de paille qu’ils ont à dessein laissé dépasser pendant le tressage, forment, en retombant les uns sur les autres, comme une toiture de chaume sur le dos de celui qui porte ce surtout, et qui se trouve ainsi garanti tant bien que mal du froid, mais totalement de la pluie. Dans les atlas de Cook et de Dumont d’Urville, on voit de pareils manteaux sur le dos des Néo-Zélandais.

Nous dîmes au chef, par l’intermédiaire de nos guides, que nous étions des amis, que nous ne venions rien prendre chez lui, mais seulement examiner son territoire. : « Soyez les bienvenus,» nous répondit le vieillard ; puis se retournant vers ses hommes, il ajouta : « Que l’on apporte aux étrangers des igna-