nous assurer un bon dîner ; le second, et le plus important des deux, de montrer à nos hôtes la valeur de nos armes. Je crus deviner qu’ils exagérèrent même la chose dans le récit qu’ils en firent au retour et qu’ils étaient bien près d’affirmer qu’un fusil qui tuait quatre canards d’un coup avait le pouvoir de tuer tout autant de Kanaks.
Le chef du village de Poimbey, vieillard à longue
barbe blanche, arriva accompagné d’une escorte vêtue
aussi primitivement que possible. Néanmoins, dans
Église de Houagap. — Dessin de Émile Bayard d’après une photographie de M. E. de Greslan.
ces montagnes, où le froid est quelquefois assez sensible
à la peau nue, les indigènes se confectionnent des
manteaux fort curieux : à l’intérieur c’est une natte
parfaitement tressée ; mais à l’extérieur des milliers
de bouts de paille qu’ils ont à dessein laissé dépasser
pendant le tressage, forment, en retombant les uns sur
les autres, comme une toiture de chaume sur le dos de
celui qui porte ce surtout, et qui se trouve ainsi
Église en construction à Poébo. — Dessin de H. Clerget d’après une photographie de M. E. de Greslan.
garanti tant bien que mal du froid, mais totalement de
la pluie. Dans les atlas de Cook et de Dumont d’Urville,
on voit de pareils manteaux sur le dos des Néo-Zélandais.
Nous dîmes au chef, par l’intermédiaire de nos guides, que nous étions des amis, que nous ne venions rien prendre chez lui, mais seulement examiner son territoire. : « Soyez les bienvenus, » nous répondit le vieillard ; puis se retournant vers ses hommes, il ajouta : « Que l’on apporte aux étrangers des igna-