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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/92

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son enfant, après avoir reçu les premiers soins nécessaires, est enfin déposé entre ses bras.

Ici commence la seconde phase de sa carrière conjugale. Son rôle de nourrice durera deux années au moins pendant lesquelles ses largesses devront s’étendre jusqu’aux enfants de ses amies, selon les règles de civilité qui président aux visites des dames japonaises.

Par un autre échange de courtoisie, les grandes filles du voisinage se disputeront la faveur de porter le nouveau-né à la promenade, non point dans une pensée de puérile ostentation, mais afin de s’exercer, plus sérieusement qu’on ne peut le dire, à le combler entre leurs bras et sur leur poitrine de tous les soins, réels ou simulés, qui concernent l’apprentissage de leur future vocation.


Trois membres de la confrérie des aveugles. — Dessin de A. de Neuville d’après une photographie.

Le trentième jour après sa naissance, tout citoyen du grand Nippon reçoit son prénom, ou plutôt son premier nom, car il en prendra un autre à sa majorité, un troisième en se mariant, un quatrième quand il exercera quelque fonction publique, un cinquième lorsqu’il montera en grade ou en dignité, et ainsi de suite jusqu’au dernier, le nom que l’on donne après la mort et que l’on grave sur la tombe, celui qui consacre la mémoire du défunt, de génération en génération.

La cérémonie qui correspond à notre baptême est une simple présentation du nouveau-né au temple du dieu de ses parents. Excepté dans le culte kami, elle n’est point accompagnée d’aspersion d’eau ni de formalités de purification. Le père remet un billet portant trois noms entre les mains du bonze de service. Celui-ci les copie sur trois feuilles détachées, qu’il mêle et secoue au hasard en prononçant à haute voix une