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maient un troupeau nombreux que l’on allait reconduire au pâturage, loin de leurs mères qui beuglaient tristement.

Nous traversâmes de vastes plaines où les ruisseaux, en s’élargissant, formaient de grands marécages. On y voyait une multitude d’oiseaux aquatiques. Les cigognes se faisaient remarquer par leur éclatant plumage. Plusieurs espèces de canards, entre autres le Tadorne casarca, qui faisait entendre au loin son cri plaintif, nageaient parmi les joncs.

Des bandes de vanneaux passaient en tourbillonnant, suivant leur coutume, au-dessus de nous. Je profitai d’une halte de ma petite caravane pour tirer sur quelques-uns de ces oiseaux.

Les parties sèches de ces plaines étaient peuplées d’une grande quantité de perdrix, de gangas et d’alouettes de différentes espèces, parmi lesquelles j’eus le plaisir de tuer la calandrelle et la pispolette, deux petites alouettes d’une grande rareté.

A onze heures du matin, nous redescendîmes dans le fond d’une vallée.


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Un kaïmackli près de Gumuch-Kané.


A un détour du chemin, Baïbourt s’offrit à nos yeux. Je fus étonné de trouver à l’entrée de la ville, dans une bande de chiens à demi sauvages, des lévriers d’une remarquable beauté. J’essayai de m’en approprier un ; mais, malgré mes caresses et l’appât d’une nourriture plus succulente, aucun ne voulut quitter son existence errante pour me suivre.


BAÏBOURT ET ERZEROUM.


XXV


La ville de Baïbourt. – Origine de son nom. – Le château fort. – La population. – La faune ornithologique. – Le commerce. – Aspect aride et désolé de la contrée. – Départ. – La vallée du Tschorock.


La ville de Baïbourt doit son nom, en langue arménienne, au château fort qui la domine et dont l’origine paraît être assez ancienne. Ses constructions, de style et d’aspect différents, attestent qu’il a dû être reconstruit plusieurs fois. On y remarque de nombreuses inscriptions arabes, gravées sur des pierres encastrées çà et là dans les murailles.

A l’intérieur de la forteresse se trouve une petite chapelle aujourd’hui en ruine ; ses murs portent quelques traces de fresques.

Baïbourt, qui compte une population de quatre mille habitants, est placée dans la vallée du Tschorock-sou, qui partage la ville en deux. On traverse cette rivière sur un pont de pierre ; pendant la belle saison, elle est facilement guéable. Sur ses rives crois-