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Les quais de Montréal. — Dessin de Th. Weber, d’après une photographie.


EXCURSION AU CANADA ET À LA RIVIÈRE ROUGE DU NORD,

PAR M. H. DE LAMOTHE[1].
1873. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




IV

La campagne canadienne. — Aisance et luxe des habitants. — La routine agricole. — L’ambition des cultivateurs. — Trop d’avocats et de médecins ! — Nécessité d’une réforme.


Le cultivateur canadien, qui se nomme lui-même « habitant, » rejette l’appellation de paysan, et, de fait, il ne ressemble guère au paysan d’Europe. Son élégante demeure en bois peint, tenant à la fois du cottage et du chalet, est meublée intérieurement avec un confortable tout britannique. Le dimanche, toute la famille s’habille avec élégance et recherche, suivant la dernière mode de Québec et de Montréal, laquelle n’est guère en retard sur celles de Londres et de Paris. Le piano lui-même a fait invasion dans les vieilles paroisses, et la jeune fille qui dans la journée a aidé ses parents aux travaux des champs, égaye la « veillée » en jouant les motifs de la dernière opérette française à la mode. La lourde charrette des ancêtres normands a partout cédé la place au « buggey » suspendu, traîné par des « trotteurs » de sang. Tout enfin, dans le charmant spectacle qu’offrent en été les environs de la métropole bas-canadienne, justifie l’expression de M. Andrew Stuard — un Anglais pourtant — qui a décerné aux Franco-Canadiens le beau titre de « peuple gentilhomme. »

Sur les portes de chaque habitation s’ébattent une foule d’enfants rayonnants de fraîcheur et de santé ; — on sait déjà combien sont nombreuses les familles

  1. Suite. — Voy. page 97.